Malevitch




Écrits. Présentés par Andrei Nakov.
( Editions Ivrea, Paris, 1996)


Une grosse brique orange de quelques 500 pages. Je le connais à Malevitch et je n’aime pas trop les communistes, donc j’ai commencé avec le tout dernier chapitre… Maintenant il me faut étudier l’homme.

Première idée : je dois me faire une liste d’artistes qui ont réellement écrit sur l’art car la majorité n’ont laissé que des témoignages… J’ai à Malevitch, à Kandinsky, à Klee, à Rothko, à Shitao (plus compliqué parce que c’est un ancien manuscrit chinois), Léonard, et ?… Ah, Dubuffet. La question que je me pose est la suivante : je dois les considérer comme des théoriciens ? Ou je reprends l’exergue du prologue de Malevitch :
« L’existence de la théorie est apparue comme une conséquence indispensable de l’activité créatrice. Les artistes n’écrivent pas sur leur art ; leurs écrits constituent une extension de leur activité créatrice. » (Théo van Doesburg, 1917)
Théo van Doesburg est un autre artiste qui a écrit : Principes fondamentaux de l'art néo-plastique, Une vache peinte n'est pas moins abstraite qu'une ligne" - Theo van Doesburg, Cahiers intempestifs (Les), Qu'est-ce que Dada ? Donc la liste grandit.

Mais restons avec Malevitch pour l’instant : il est suffisamment dense.

Tentative pour définir la relation entre la couleur et la forme en peinture
(publié pour la première fois en traduction ukrainienne par la revue Nova Gueneratzia, n° 6-7 (pp. 64-70) et 8-9 (pp. 55-60), 1930

« deux principes entrent toujours en conflit chez le peintre. Le premier tend à la primauté : c’est le principe de la connaissance, le centre de la prise de conscience ; le second est le centre subconscient ou la sensation.
Le processus de création nait en dehors de la prise de conscience et, dans la majorité des cas, il va même à l’encontre de tout ce que sait le peintre. Celui-ci connaît la perspective, il dessine des tableaux de plein air en perspective, etc. Tel est le premier stade du processus créateur.
Le second stade est le moment où le processus passe à la phase de l’imagination, où le degré de tension psychique (si l’on peut exprimer ainsi), commence à générer l’image. Cela ne signifie pas pour autant que la génération de l’image est déjà la prise de conscience. Cette image se situe en dehors du centre de conscience. Ce n’est que le processus achevé de l’imagination créatrice et rien de plus.
Le troisième stade est celui de l’inclusion de l’image dans le centre de la conscience, qui peut déjà être qualifié d’analytique, et où l’image doit être nettement formulée.
Si le peintre est capable à ce moment-là de faire jouer toutes ses connaissances scientifiques ou de placer – troisième stade – sa création sous le contrôle du savoir, ses connaissances ne menaceront pas sa création artistique. Mais si le peintre n’y parvient pas, toutes ses connaissances scientifiques subsisteront « en tant que telles », et l’œuvre  transmise au centre de la connaissance servira simplement de forme ayant fait l’objet d’une analyse ben définie. La toile ressemblera alors à une table scientifique. Le centre de la connaissance réduira toujours la logique artistique à sa propre logique. La logique des connaissances anatomiques fera de l’image non anatomique d’une peinture une anatomie académique. » (pp. 481-482)


Ici Malevitch fait une description par stades. Évidemment, à comparer avec les 5 stades de Anzieu. Je comprends mieux à Malevitch puisqu’il est peintre (artiste) et je me retrouve dans mieux dans sa séquence : hors conscient, génération de l’image et conscientiser cette image.  Pour moi, le premier stade doit toujours être le saisissement – la création, te saisit. Parce qu’on ne crée pas par obligation et, souvent, même pas par plaisir : elle t’attrape. C’est le fameux besoin. Sans cela on aurait tous des professions tranquilles qui rapportent plus d’argent et de stabilité. La stabilité est importante, pas seulement l’économique, mais la psychique. L’œuvre  d’art qu’on est en train de faire nous travaille en permanence, on ne peut pas la laisser sur le bureau avec les autres dossiers ou des mail non-répondus : elle est tout le temps en nous… D’où le précaire équilibre mental d’un créateur qui est rongé en permanence par sa création.









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