Francis Bacon – Entretiens avec Michel Archimbaud



Francis Bacon – Entretiens avec Michel Archimbaud


- notes - suite - 


Sur la critique :
« La seule critique efficace est personnelle : c’est celle qui s’exerce sur son propre travail quand on est en train de peindre, mais il ne s’agit plus alors de la même chose. Le sens critique qui joue là, c’est la faculté de découvrir ce qui est possible, par où on peut passer, dans tout ce qui est déjà présent sur la toile, pour aboutir à la meilleure image finale. » (pp. 59-60) à processus secondaire à voir Freud

Encore sur l’instinct :
« Si on peut arriver à faire quelque chose au plus près de l’instinct, alors on a réussi, mais c’est vrai que c’est exceptionnel, que cela se produit très rarement. » (p. 64) « Mais il ne faut pas assimiler ça à de l’inspiration. Cela n’a rien à voir avec les muses ou quelque chose comme ça, non, c’est arrivé de façon inattendue, comme un accident. Il était prévu quelque chose, et puis, d’une façon tout à fait étonnante, quelque chose d’autre est arrivé. C’est à la fois accidentel et en même temps complètement évident. » (p. 65) J’aimerais bien étendre le sens du mot accident, qui n’est pas seulement un événement fortuit, mais grave aussi… D’ailleurs, je viens de découvrir ce mot et tous ses sens possibles sur CNRTL[1] !  Quelle beauté de mot:

Ce qui s'oppose à la substance ou à l'essence.

1. [P. oppos. à substance,,Ce qui existe, non en soi-même, mais dans un autre; (...) par ex., la couleur, la forme, qui ne peuvent être que la couleur, ou la forme de quelque chose subsistant en elle-même.`` (Foulq.-St-Jean 1962) :
1. Attributs, accidens, phénomènes; être, substance, sujet, ce sont des généralisations puisées à la source des deux faits incontestables de la croyance à mon existence personnelle et de la croyance à l'existence du monde extérieur. Maintenant, tout ce qui a été dit du corps et de l'espace, de la succession et du temps, du fini et de l'infini, de la conscience et de l'identité personnelle, tout cela doit être dit de l'attribut et du sujet, des qualités et de la substance, des phénomènes et de l'être. V. CousinHist. de la philosophie du XVIIIesiècle, t. 1, 1829, p. 200.
2. Mais de l'homme à Dieu, de l'ordre visible à l'invisible, du naturel au surnaturel, de l'accident visible à la substance invisible, c'est à peine si tu as posé la mystérieuse équation, et le terme connu à côté de l'inconnu... E. PsichariLe Voyage du centurion,1914, p. 141.
3. J'étreins la substance enfin au travers de l'accident! Je comprends maintenant l'échec de cette chose tant de fois essayée, La combinaison de notre âme avec les choses créées. P. ClaudelLa Messe là-bas,1919, p. 501.
L'unité et la moralité sont des considérations secondaires, appartenant à la philosophie et non à la poésie, à l'exception et non à la règle, à l'accident et non à la substance... P. ÉluardDonner à voir,1939, p. 141.
5. D'après Cassien, en dehors de Dieu, tous les êtres sont nécessairement composés, sinon de matière et de forme, du moins d'essence et d'existence, de potentialité et d'être en acte, de substance et d'accidents. B. CendrarsBourlinguer,1948, p. 99.
− P. anal. Dans la lang. de la théol. scolast.
♦ ,,En termes de théologie, et en parlant du Saint-Sacrement de l'Eucharistie, on appelle Accidens, la figure, la couleur, la saveur, etc. qui restent après la consécration. Tous les accidens qui étoient dans les espèces avant la consécration, subsistent encore après la consécration.`` (Ac. 1798).
♦ ,,En parlant du Saint-Sacrement de l'Eucharistie, il se dit de la figure, de la couleur, de la saveur qui restent, après la consécration et la transsubstantiation. Alors il n'y a plus ni pain, ni vin, mais le corps et le sang de Notre-Seigneur et cependant les accidents du pain et du vin demeurent.`` (Guérin 1892).
♦ ,,Il faut noter qu'il est propre à l'accident, par opposition à la substance, d'exister non en lui-même mais en celle-ci. D'où le problème souvent posé : comment les accidents eucharistiques subsistent-ils, leur substance ayant disparu? Saint Thomas se borne à répondre que le premier de tous les accidents d'un corps étant la quantité étendue, tous les autres accidents du pain demeurent suspendus à celui-là, qui joue, désormais par rapport à eux le rôle qui devrait être celui de la substance.`` (Sum. théol., IIIaq. 88, a. 5 ds Bouyer 1963).
2. [P. oppos. à essence,,Ce qui ne fait pas partie de la nature ou de l'essence d'un être et peut devenir autre sans qu'il y ait changement d'espèce. Par exemple le fait d'être assis, ou couché, d'être à Paris, d'être en face de Pierre... Ce qu'il faut entendre par l'accident proprement dit, c'est une particularité qui advient à l'être mais qui n'en provient pas, qu'on ne peut prévoir, qu'on ne peut conclure, qui ne dérive pas de la nature de l'être.`` (Foulq.-St-Jean 1962, p. 6) :
6. Tout poème où le merveilleux est le fond et non l'accident du tableau pèche essentiellement par la base. F.-R. de ChateaubriandGénie du christianisme,t. 2, 1803, p. 278.
7. L'espèce est définie par le genre et la différence (per genus et differentiam). Dans cette définition : l'homme est un animal raisonnable, l'animalité est le genre, l'humanité l'espèce, la raison la différence. Rire est le propre de l'homme; mais on ne peut pas faire consister dans le rire le caractère essentiel et spécifique de l'humanité. Quand on dit : Achille est blond; Socrate est camus; César est chauve; blond, camus, chauve désignent des accidents individuels. A. CournotEssai sur les fondements de nos connaissances,1851, p. 338.
8. Laissons de côté l'analyse du respect, où nous trouverions surtout un besoin de s'effacer, l'attitude de l'apprenti devant le maître ou plutôt, pour parler le langage aristotélicien, de l'accident devant l'essence. H. BergsonLes Deux sources de la morale et de la religion1932, p. 65.



2. PEINT. Accident de lumière (de clair-obscur)
− ,,Accident, en termes de peinture, est ce qui ne vient pas de la lumière principale, mais d'une fenêtre opposée, d'un flambeau, etc.`` (Ac. 1798).
− ,,En termes de peinture, accidents de lumière, effets de lumière partiels que produit le soleil, dans un paysage, lorsque des nuages s'interposent entre cet astre et la terre. Cette locution s'emploie également en parlant des intérieurs, lorsque, par une combinaison ingénieuse des ombres et des lumières, celles-ci se reproduisent dans certains endroits d'une manière inattendue, mais vraie, et indépendamment de la lumière générale. Il y a dans ce tableau des accidents de lumière fort piquants.`` (Ac. 1835) :
11. Ces monstrueux tableaux étaient encore assujettis à mille accidents de lumière par la bizarrerie d'une multitude de reflets dus à la confusion des nuances, à la brusque opposition des jours et des noirs. L'oreille croyait entendre des cris interrompus, l'esprit saisir des drames inachevés, l'œil apercevoir des lueurs mal étouffées. Enfin, une poussière obstinée avait jeté son léger voile sur tous ces objets, dont les angles multipliés et les sinuosités nombreuses produisaient les effets les plus pittoresques. H. de BalzacLa Peau de chagrin,1831, p. 18.
12. Velasquez et Murillo groupaient des fruits, des vases, des poissons, tous les objets qui leur offraient des couleurs vives et harmonieuses, et s'essayaient à en reproduire tous les accidents de lumière. P. MériméeMosaïque,1833, p. 522.
− ,,Modification que le peintre apporte à l'effet général d'un tableau dans la disposition de la couleur et de la lumière. Ce mot s'emploie mieux au pluriel... On distingue des accidents de deux sortes : les accidents de lumière ou espaces lumineux éclairés par le soleil lançant ses rayons dans l'intervalle que laissent les nuages; les accidents de clair-obscur, que produisent des circonstances étrangères à la lumière générale de la composition. Ex. : Salvator-Rosa, Rubens, Rembrandt, ont employé les accidents avec une variété et une fécondité inépuisables.`` (Besch. 1845) :
13. La nature a d'ailleurs le don de tout parer. Il ne lui faut, pour cela, qu'un peu de verdure et quelques accidents de lumière. Les jeux variés du brouillard ou du soleil à travers les portiques à jour, et ces vallées, ces ponts aériens, ces escaliers gigantesques, ces maisons surexhaussées dont les toits fumants pavent l'abîme, tout ce chaos piranésien, de fantaisie orientale et biblique. J. MicheletSur les chemins de l'Europe,1874, p. 111.
C.− Dans ces emplois le sens glisse insensiblement vers l'idée générale de variation, de variété, qui pour l'œil de l'observateur rompent la monotonie du fond :
14. Le colosseum est un monde de ruines; tous les accidents que peuvent y produire la lumière, la végétation, le temps, se trouvent là. Rien n'est plus impossible à décrire que ces arceaux brisés, ces escaliers écroulés, ce lierre, ces plantes, ces débris suspendus; la couleur superbe du monument, les grandes lignes de la partie encore debout, tout cela varie de mille manières, selon le jour et l'ombre;... A.-M. AmpèreCorrespondance et souvenirs (de 1805 à 1864),1824, p. 258.
− De là, qq. emplois techn.
1. Dans la lang. de la mus. Tout signe qui indique une élévation ou un abaissement de tons dans le courant d'un morceau. ,,On appelle accidens ou signes accidentels les bémols, dièses et béquarres... des accidens de modulation auxquels l'harmonie n'a aucun égard,...`` (J.-J. RousseauDict. de musique,t. 1,1768,p. 28, 316).,,Accident (musique). Il se dit des bémols, dièses ou bécarres, qui, n'étant point à la clef, se trouvent dans le courant d'un morceau.`` (Ac. Compl.1842) :

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