Marcel Duchamp - Duchamp du signe



Duchamp du signe  - suite

Entretien avec James Johnson Sweeney, 1955 : film NBC

« D’ailleurs, comme vous le savez, c’est le côté intellectuel des choses qui m’intéresse, bien que je n’aime pas le terme d’  « intellect » trop sec, trop dénué d’expression. J’aime le mot « croire ». En général, quand on dit « je sais », on ne sait pas, on croit. Je crois que l’art est la seule forme d’activité par laquelle l’homme en tant que tel se manifeste en véritable individu. » (p. 204)

A propos de moi-même (conférence de 1964 publiée dans le catalogue de la rétrospective M. D. 1973-1974)
« … et je entrai à l’Académie Julian, école d’art privée, où je n’ai appris qu’à mépriser toute formation académique. » (p. 242)
« … je fis connaissance avec des « fauves », après avoir épuisé les ressources de la leçon cézanienne. » (idem) Apprentissage à travers les maitres.

Alpha (B/CRI) tique
L’artiste doit-il aller à l’université ? (1960)


« Bête comme un peintre.Ce proverbe français remonte au moins au temps de La Vie de Bohème de Murger, autour de 1880, et s’emploie toujours comme plaisanterie dans les discussions.
Pourquoi l’artiste devrait-il être considéré comme moins intelligent que Monsieur tout-le-monde ?Serait-ce parce que son adresse technique est essentiellement manuelle et n’a pas de rapport immédiat avec l’intellect ?Quoi qu’il en soit, on tient généralement que le peintre n’a pas besoin d’une éducation particulière pour devenir un grand Artiste.

Mais ces considérations n’ont plus cours aujourd’hui, les relations entre l’Artiste et la société ont changé depuis le jour où, à la fin du siècle dernier, l’Artiste affirma sa liberté.
Au lieu d’être un artisan employé par un monarque, ou par l’Église, l’artiste d’aujourd’hui peint librement, et n’est plus au service des mécènes auxquels, bien au contraire, il impose sa propre esthétique.          

En d’autres termes, l’Artiste est maintenant complètement intégré dans la société.
Émancipé depuis plus d’un siècle, l’Artiste d’aujourd’hui se présente comme un homme libre, doté des mêmes prérogatives que le citoyen ordinaire et parle d’égal à égal avec l’acheteur de ses œuvres. Naturellement, cette libération de l’Artiste a comme contrepartie quelques-unes des responsabilités qu’il pouvait ignorer lorsqu’il n’était qu’un paria ou un être intellectuellement inférieur.
Parmi ces responsabilités, l’une des plus importantes est l’ÉDUCATION de l’intellect, bien que, professionnellement, l’intellect ne soit pas la base de la formation du génie artistique. Très évidemment la profession d’Artiste a pris sa place dans la société d’aujourd’hui à un niveau comparable à celui des professions "libérales". Ce n’est plus, comme avant, une espèce d’artisanat supérieur.(…)Doté d’une formation universitaire comme lest, l’artiste n’a pas à craindre d’être assailli par des complexes dans ses relations avec ses contemporains. Grace à cette éducation, il possédera les outils adéquats pour s’opposer à cet état de choses matérialiste par le canal du culte du moi dans un cadre de valeurs spirituelles.(…)Je crois qu’aujourd’hui plus que jamais l’artiste a cette mission para-religieuse à remplir : maintenir allumée la flamme d’une vision intérieure dont l’œuvre  d’art semble être la traduction la plus fidèle pour le profane.Il va sans dire que, pour accomplir cette mission, le plus haut degré d’éducation est indispensable. » (pp. 260-263)


No comment. De quelle éducation parle-t-il ? Il est plein de contradictions, Marcel.





















[1] Texte anglais original in Art News, vol. 56, n° 4, New York, été 1957, pp. 28-29)

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