J'ai commencé à relire ma note d'investigation et je tombe sur une phrase et un mot  de Gregory Ulmer avec laquelle je commence et qui d'ailleurs donne le titre - Mystory. :  « Approcher la connaissance du côté du non savoir qu’est-ce que c’est, du côté de celui qui apprend, pas du côté de celui qui sait déjà, c’est mystory. ». Cela j'avais trouvé chez Derrida et, comme d'habitude, c'est le mot qui a fait tilt! "Mystory", contraction entre "my", "story" et "mystery". Cet auteur n'est pas traduit en français mais il apporte des concepts des plus intéressants que je vais devoir citer à partir de sources web… Sur le http://www.yourdictionary.com/mystory on trouve la définition suivante: "A pedagogical genre encouraging the exploration of history as an open-minded individual rather than an analytical historian following institutional norms.", déjà, c'est un genre pédagogique basé sur une écriture réflexive. Sur le site de College of Arts & Sciences (https://wrd.as.uky.edu/mystory ) sont détaillées les premises de ce concept théorisé dans le livre "Teletheory":
  • les arguments sont limités
  • la logique linéaire est limitée, elle aussi
  • le narratif demeure un moyen d'expression important, même avec les nouvelles médiums
  • les idées viennent à partir de l'intersection de plusieurs aires d'expérience
  • le personnel est toujours lié à l'invention
  • le processus créatif est vital à la composition (de quel type de composition parle-t-il?)
Donc, mon titre est bon: il y a du mystère, du narratif, de la transduction, du personnel (implication), pas de logique, de l'autoréflexivité qui passe par tout l'antérieur… C'est parfait! Je tombe aussi sur un article de Barry Jason Mauer qui part de ce "mystory" pour parler de la pollution de l'eau au Florida pour en arriver comme conclusion à la création d'une oeuvre d'art qui enseignerait la mortalité aux lamantins (j'adore ce genre de choses, mais je n'ose pas). Mais il explique un peu plus la chose et donne une définition plus simple: "dans le mystory il n'y a pas des frontières claires entre l'expert et le problème, entre le sujet et l'objet, entre soi et l'autre" (p. 176, ma traduction) Ça définit clairement ma position dans la note d'investigation. Le mystory plus les problèmes complexes floues plus le vide plus le non-savoir… Ouf! Au moins j'ai un nouveau mot-clé qui me sort de l'auto-formation qui m'a freiné à la page numéro 2: l'autoréflexivité.
Pourquoi l'autoréflexivité? C'est le premier pas vers l'autoformation? Est-ce qu'il a une ETLV sans une autoréflexivité? En plus, mon thème c'est "la création du créateur" et ça, dans quel sens? Création est à comprendre en tant que synonyme de formation, c'est tout. Et pour que ça soit "tout au long de la vie" parce que l'homme est "inachevé" et "en transition" il faut un moment d'ouverture, un moment qui te pousse ou qui te fait comprendre que: soit tu dois reprendre des études, soit que t'es toujours en formation. Et ça doit être l'autoréflexivité. Sans ça, tu continues ta vie…  Je postule le deuxième état comme important: comprendre que tu es en une sorte de perpetual motion d'apprentissage et comprendre à te comprendre. Dans le cas des artistes, comprendre ton processus créatif viserait à une meilleure… quoi? Pas une meilleure création, c'est sûr! Ok, pourquoi je le fais? Je sens ce besoin de comprendre et de me comprendre et cette recherche est avant tout pour moi. Deuxièmement, oui, j'aimerais bien enseigner. Et je ne pourrais pas donner des cours de peinture ou de dessin sans essayer aussi d'enseigner qu'est-ce que c'est être artiste. Et, comment pourrais-je le faire si je ne comprends pas moi-même? Au moins que je comprenne mon processus et même si je ne le comprends pas pleinement (je trouve ça très bien), au moins je fais une sorte de travail d'acceptation de limites, de l'inconnu, de ne pas savoir, du fait qu'il y a tellement de facteurs qui se croisent … Je suis l'expert et le problème, le sujet et l'objet en même temps et il faut apprendre à fonctionner comme ça. Ça c'est le mystory. Mon mystory. Qui est très flou aussi.
Barry Jason Mauer,  The Mystory: The Garage D’Or of Ereignis, Alicante Journal of English Studies 26 (2013): 175-191

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