Mystory

Gregory Ulmer décrit cette technique pédagogique dans son livre Teletheory et… le mystory est plus simple à appliquer qu'à le décrire. Mieux dit il faut le faire afin de le comprendre. C'est comme le dit Ulmer lui-même: "To approach knowledge from the side of not knowing what it is, from the side of one who is learning, not from the that of one who already knows, is mystory." Cette description est essentielle à la technique du mystory: la mystorygraphier, c'est une pédagogie, un exercice pédagogique qui engage l'apprentissage et la pensée intuitive.

C'est l'art de relier, d'inventer, de découvrir tout en relation/réaction avec soi-même. Mystorygraphier signifie faire recours aux émotions, aux souvenirs d'enfance, aux plaisirs de la vie (je dirais même à la sensorialité), au social, à l'extérieur… En pratique il s'agit d'un site web qui explore comment les étudiants se rapportent aux quatre éléments: carrière, famille, divertissement et communauté[1]. La construction de ces quatre éléments qui permet l'insertion du matériel graphique, visuel, sonore, devient à la fin une synthèse du comment cet étudiant pense. Il apprend sur lui-même ce qui lui permet une nouvelle approche à l'apprentissage…

Je comprends que le mystory est la technique, l'application pratique de l'electracy, un autre concept de Ulmer qui est une pédagogie opposée à la literacy. Évidemment, Ulmer est un pédagogue dédié à l'enseignement en ligne, aux apprentissages liés aux nouvelles technologies, en spécialement l'internet. D'où l'opposition literacy / electracy, la deuxième impliquant un langage différent, plus ample "Electracy, like literacy and orality before it, is an apparatus, meaning that it is a social machine (part technological, part ideological, part metaphysical)"[2]. Mais, il ne s'agit pas seulement d'un langage nouveau relié à toutes ces nouvelles technologies, "The question pursued here is: what are the electrate equivalents of the literate institutional practices and identity formations?"[3] Donc je le prends dans un sens plus large: c'est un mode de pensée moins rigide que le scolaire, d'où le lien que je fais avec la formation artistique.

Le mystory, pour moi devient plus que la création d'un site web, plus qu'une technique: il peut devenir une sorte de philosophie de vie. Peut-être j'exagère, mais c'est une philosophie de la formation de l'artiste. Pour quoi? Parce qu'il s'agit du self/je/l'individuel/intime/personnel/social + histoire + mystère. Donc il y a trois parties de cet être humain qui fonctionne sur ces trois plans: le continuum histoire (personnelle et inscrite aussi dans la communauté; à deux faces: tourné à la fois vers l'intérieur et vers l'extérieur) agrémenté du mystère de la création.
Percer le mystère du mystory est difficile: l'information je la recopie sur des sites web très divers: le blog de ulmer lui-même, des sites universitaires, blogs, etc. Un site web[4] proposent des analyses plus concrètes et en abordant le mystory pas seulement en tant que technique mais en l'intégrant dans l'electracy et dans l'EmerAgency et la situe dans une approche postpédagogique. Ce site web qui explique le genre du mystory dit que celui ci pousse l'étudiant à s'inventer à lui-même et qu'il s'agit plus de découvrir que de créer une réponse qui est multiple. Donc c'est un système de pensée plus ample. Je suis un peu réticente à opposer la découverte à la création,  mais là il s'agit bien d'une découverte de soi-même à travers d'un tissage d'éléments très différents. La création est, à priori, ex nihilo, mais la découverte mystorienne est finalement une démarche inductive qui part de cet exercice désorientant.

The wide image [mystory] is the magic tool that allows the egents to confront the problem, the obstacle, the trouble of their world" (Ulmer, 2003, p. 183)[5]. D'une part, cette citation de Ulmer me renvoie directement vers Keats et sa capacité négative, mais ici, ce que permet d'affronter le trouble est l'outil mystory parce que : "While electracy adds images and sounds to our communicative repertoire, its most significant impact concerns how these new forms of expression help reconceptualize the human otherwise than as the Cartesian, individuated self central to literacy's logocentric forms of thinking/doubting/reasoning."[6] - la pensée n'est plus cartésienne.

P.S. Je n'ai pas l'énergie de traduire maintenant, mais comme c'est du matériel de travail juste for me... 

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"Critics of the mystory genre might point out how it fails to take advantage of one of the web’s key affordances: it is not dialogic, participatory, or communal[7].[1]  In fact, Ulmer (1989) proposed that the “best response to reading a mystory would be a desire to compose another one, for myself” (p. vii). Though published on the Internet, the mystory is mostly an individualistic, isolated exercise ([8]even if the point of the exercise is to reveal our dependence upon others…[2] [9]"

"For Ulmer, there is no sense of a self apart from others. There is no self uninhibited from the influence of networks. We jestingly refer to Ulmer’s postpedagogy as a socio-expressivism: the mystory is an attempt to map the recursive, feedback-infused influence of networks, to reveal what / who bounds a self into the avatar that plays me / that I play. "

"In short, Ulmer’s mystory, like expressionistic rhetoric, makes no explicit move to demystify a student’s false consciousness (Berlin, 1988, p. 490). Again, it looks to “sting” them emotionally, in the sense of Barthes’ (1981) punctum (see Ulmer, 2003, p. 44). Jeff Rice (2007) characterized this sting as a kind of aha moment, one that awakens the student to see unexpected relationships and ask unanticipated questions[3] [10]. Thomas Rickert (2007) referred to this kind of moment as surprising, stressing that it is a kairotic emergence for which we necessarily cannot plan and which we certainly cannot guarantee (pp. 172-173). The surprising aha moment is not a function of pedagogical mastery but of pedagogical serendipity.[9]"[11]

"Given Ulmer’s investments in poststructuralist, particularly Derridean, theory, we should not be surprised to find such an endorsement of (pedagogical) risk. Jacques Derrida (1988) marked iterability as the contextual contingency of the signature haunting (written) communication; the authentic presence of the signature/subject comes only with the risk of its forgery. For Derrida (1988), the risk of failure was essential to possibility, to being itself[12] ([4] pp. 100-01). Rather than seeking to minimize or even eliminate risk, treating it as an external threat to the integrity of a system/being, Derrida (1988) framed it as an “internal and positive condition of possibility” (p. 103). Ulmer’s mystory radicalized this appreciation for risk; the mystory realized the ambitions of his first major work, Applied Grammatology (1985), which distilled from Derrida’s grammatology “a pedagogy that would collapse the distinctions separating teaching, research, and art [and thus] might have also the power to guide transformations of the lived, social world” (p. 27). "
 








[3] idem
[7] C'est comme la création artistique qui se fait dans la solitude.
[8] La création est isolée, est solitaire, mais le produit final, l'objet d'art dépasse cette condition autistique. De l'autre part, la création est nourrie par l'extérieur et cet extérieur vient sous des formes très diverses et des endroits les plus inattendus.
[9] La création est isolée, est solitaire, mais le produit final, l'objet d'art dépasse cette condition autistique. De l'autre part, la création est nourrie par l'extérieur et cet extérieur vient sous des formes très diverses et des endroits les plus inattendus.
[10] c'est l'émancipation de l'apprenant de son maitre. C'est la découverte qu'il fait - soit sur lui-même, soit sur son travail. Ça rejoint le motto (poète japonais Matsuo Bashō) "not to follow in the footsteps of the masters, but to seek what they sought,"
[11] Découverte. Style Picasso: je ne cherche pas, je trouve. 
[12] capacité négative


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