Je continue quand même à réfléchir sur mon mémoire et j'ai commencé à travailler le mystory plus sérieusement. Avant de passer à ce concept que je pense détourner de son origine au service de mes idées (c'est pas sûr que je réussisse mais ça vaut le coup) une idée qui n'attend qu'à être développée:
Pédagogie artistique → pédagogie anamorphique? (l'étudiant déforme depuis sa perspective (ou au contraire rend l'anamorphose visible, compréhensible pour soi)
Donc, l'anamorphose. En tant qu'artiste peintre, celle-ci ne désigne que le crâne déformé dans la peinture de Holbein. Je sais que Lacan a travaillé avec ce mot, mais je ne parle pas lacanien… La définition concise de CNRTL est "Déformation d'images, de telle sorte que ou bien des images bizarres redeviennent normales ou des images normales deviennent bizarres quand elles sont vues à une certaine distance et réfléchies dans un miroir courbe; p. ext. ces images ainsi déformées ": Voilà, déformation réversible, même après-coup? Mon entretien exploratoire m'a dit une chose: l'institution éducative forme et déforme: elle rend les sujets des bonzaïs! Des jolis bonzaïs bien formés en apparence mais déformés dans leur essence. Un artiste ne peut pas transmettre son savoir vu qu'il crée dans le non-savoir (selon ma NI de M1), mais il dit quelque chose. Un quelque chose déformé par le Logos (nous sommes dans les arts visuels) et c'est à l'étudiant d'y trouver la capacité de rendre cette information lisible. Pas lisible, nous sommes en dehors de la parole - cette information doit faire sens pour l'apprenant. Il doit trouver la capacité de se placer dans une position où la déformation devient forme. Devant les ambassadeurs il faut s'y coller presque sur le côté droit du tableau pour voir le crâne se former! C'est une position inconfortable mais qui permet d'y voir.
Le mystory. Je reviendrais dans un autre post parce que c'est long, mais c'est plus qu'un joli mot: c'est une technique pédagogique!
Mais, revenons à l'AI. J'ai pensé lui dédier ce blog journal pendant ce trimestre en l'intercalant avec le cours de PNLS. Ici, c'est le journal AI, ce n'est pas le journal pour le cours de PNLS, mais j'ai besoin d'y travailler les deux ensemble. Chacun m'apporte des éléments pour me situer en tant qu'artiste dans le monde des institutions. Comme je suis "independante" et je fais de l'art "pur" et, apparement je flotte dans une sorte de monde idéel non-institutionnel. Pas de salaire, pas d'horaires, pas de chef qui me donne des ordres, pas d'employés, non plus qui reçoivent des ordres, personne ne me dit quoi faire ni quand… Libre. C'est vrai que j'évite mon institution famille qui fonctionne, elle, dans un système de normes.
Donc le devoir de PNLS me fait songer: analyser un dispositif. Jusqu'à maintenant c'est pas clair ce dispositif, mais, en lisant ses séquences du cours, en lisant ces livres je me rends compte que, oui, je fais partie d'un système. Du coup je me demande quelle voie choisir pour ce devoir (devoir qui m'ancrera dans le réel de l'AI ou de la socioanalyse, j'ai vu une différence quelque part).
Le livre de PNSL sur l'implication arrive bien, je suis impliquée, sujet et objet de l'analyse. "... l'objet de la socianalyse n'est pas directement l'institution (l'institution en soi) mais que son objet privilégié est bel et bien l'implication de chacun dans l'institution…" (p. 18)
Deux situations:
- Je suis artiste peintre et je prépare une exposition dans une prestigieuse galerie d'art à Quito (galerie que j'ai chassé pendant quelques années) pour le mois de février (coïncide presque avec la fin du semestre) ce que me permet d'analyser les enjeux et les jeux mis en place pendant la construction de cette exposition. Dans quelle réalité s'inscrit cette galerie? Comment ais-je obtenu cette expo? Comment la galeriste travaille avec moi? Comment se déroule se procès? Mon travail? Celui de la galeriste? Notre travail ensemble? Moi et le public extérieur. Elle et le public. Nous et le public. La galerie et le public. Chacune de ces questions ouvre une multitude d'autres toutes formant une sorte d'arborescence… Et aussi il y a des normes, des règles, la police, la politique et, surtout le pouvoir… Ce dernier m'intéresse le plus. C'est le rapport des forces entre tous les acteurs qui, en apparence fonctionnement harmoniquement chacun dans son autonomie. La galeriste est dans une position de supériorité en relation à l'artiste qui lui fait la demande d'exposition. Est-ce que ces rôles s'inversent une fois la programmation de la galerie est faite? Maintenant l'exposition dépend du fait que l'artiste s'y consacre… Puis, il y a aussi ces forces de pouvoir et de soumission à l'intérieur de l'artiste-institution lui-même… Désir de ne pas se soumettre à la pression de l'exposition et de ne pas réaliser le travail? Ou il se plie aux demandes? Ce n'est pas très clair pour moi mais j'ai l'exemple parfait: j'ai rêvé d'exposer dans cette galerie depuis des années, cette galeriste connaît mon travail depuis très longtemps et tout en étant très élogieuse avec ce que je lui montrais… rien! Cette année donc, en juillet ou août je l'invite de nouveau dans mon atelier pour lui montrer les dernières oeuvres qu'elle aime beaucoup et… enfin, elle me dit oui! Une exposition de dessins et avec sa suggestion (avec laquelle je suis d'accord) de continuer à explorer la tridimensionnalité dans le dessin en continuant avec mes papiers qui prennent des formes et se contorsionnent (je ne sais pas comment faire l'accrochage de ces mi-dessins, mi-sculptures). En septembre on définit le calendrier. Je suis si heureuse que j'aurais accepté n'importe quelle date et est d'accord pour exposer en février avec une première rencontre sur les avancées de mon travail vers fin octobre. Aujourd'hui, 9 novembre, je ne l'ai toujours pas appelée (elle non plus, d'ailleurs (question d'affirmation de pouvoir?)) tout simplement parce que je n'ai rien fait; Enfin, je n'ai pas continué avec notre accord de dessiner: j'ai peint! J'ai fait des tableaux très grands et très colorés! C'est une sorte de lutte avec moi-même. Entre mes désirs, mes devoirs, mes compromis et, je pense que c'est important: la pression de ne pas céder (faudra reformuler) à l'autorité de la galeriste qui est déjà dans une position de pouvoir envers moi. Je ne laisse pas entrer son pouvoir dans ma création… Enfin, je le fais, mais j'ai besoin de mon moment de rébellion qui me fait sentir libre, hors système, hors institution. Je nourris cette illusion.
- Après avoir écrit nr. 1 le 2 ne m'intéresse plus tellement… Mais c'est une manière d'inscrire plus directement l'art dans le social: l'art public. L'art public implique l'état. Une commande qu'il fait d'un monument. Donc il y a des conditions. Les conditions sont de forme (on veut un Christ de 40 mètres, 20 bustes, tel héros dans telle position), d'endroit (urbanisme et social), contrat, contrôle, argent, impôts, lois… La création artistique d'une commande d'état pour un monument public est inscrite plus dans des questions autres que la création. Celle-ci, aux yeux du commanditaire, est secondaire, l'important c'est lui, la figure d'autorité qui donne au peuple un élément "culturel", éducatif et urbanistique. Le sujet est très dans le thème et je suis bien placée d'y connaître tous les détails: c'est de ça qu'on vit dans ma famille d'artistes. Du coup, je n'ai pas menti dans le point 1: je suis artiste "autonome" et "pure", mais j'assiste mon mari (avant on faisait équipe) qui est sculpteur et qui réalise des monuments publics.
- Je pense à un éventuel nr. 3: l'art contemporain. L'art contemporain est l'art institutionnalisé en ce moment. C'est "l'officiel" et si tu t'affirme plus en tant qu'artiste "moderniste" tu es en dehors de cette institution. C'est un sujet très vaste et qui dépasse largement mon expérience personnelle - il n'y a que des ressentis et de la documentation. La documentation sur le sujet est assez polémique aussi: il y a des pro et des contra et les discours sont souvent très véhéments. En tout cas, une chose est certaine, l'art contemporain est institutionnalisé. Et les analyseurs manquent d'arguments… heureusement l'effet Mulhmann…
Mais, dans tout ce que j'ai lu sur l'AI… on ne parle nulle part de l'art…
J'avais commencé ce post juste pour faire le compte rendu de la relecture de l'introduction de Lourau de l'Analyse Institutionnelle. Je le relis avec d'autres yeux et, en le plaçant dans ma "situation" que j'ai exposé plus haut - il parle de la singularité. Et ce concept m'aide un peu de me situer dans l'AI. Par contre comme j'ai beaucoup écrit, je le laisse à Lourau pour plus tard.
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