Blog! Journal!
Oui, je me suis dit au début de cette année que je me concentrerais sur les cours du premier semestre, finir tout en janvier et laisser, dédier le deuxième au mémoire et… euh.. non. Je travaille sur le mémoire! Enfin, j'ai un entretien qui, malgré mes effort de le faire court est assez long! et très intéressant. Si intéressant et riche en informations que… il me semble que je pourrais baser mon terrain sur lui (en plus de moi-même). Si je prends cette décision, je ne fais plus mon entrée interrogatoire dans l'institution éducativo-artistique. Je me suis entretenu avec ce sujet dans sa maison et je me demande si son discours aurait été différent si on était dans l'atelier de l'université où il donne ses cours. Je suis certaine que oui. Si j'analyse grosso-modo son discours, il commence par l'affirmative "oui, on peut former à la création" puis quand je lui dis qu'on a fini (mon entretien exploratoire pour la recherche)  mais que j'aimerais bien continuer à enregistrer la suite de la conversation parce qu'elles sont toujours très intéressantes… le discours a continué, plus librement pour finir par dire que oui, l'institution éducative ne sert à rien et à la fin, ça dépend du sujet lui-même de s'auto-créer.
Pourquoi j'écris tout ça? Cette année on ne doit plus rendre un journal de recherche avec notre mémoire (n'empêche que je le fasse) ce qui est bien! Je m'explique. Le journal est un outil essentiel, une grande aide, une chose que je ne laisserais pas facilement de côté, mais en M1 je me suis rendue compte d'une chose: le journal finit par être beaucoup plus intéressant que le mémoire! Ou la note d'investigation. On écrit plus librement, on lance des idées folles (ou non) on n'a pas la pression de la structure d'un écrit universitaire. Et c'est cette fragmentalité qui le rend vivant, inachevé et vrai, à la fin.
Donc je continue avec le journal qui sera toujours de recherche, mais qui abordera différemment ma recherche.
Je le rends journal AI.
Enfin, oui, l'Analyse Institutionnelle découverte en L3 et que j'ai toujours trouvé dommage de ne pas l'avoir intégré à ma recherche qui es partie à explorer les parties souterraines de la création en partant du vide et en arrivant au non-savoir.  Il n'y avait pas de la place pour l'AI  mais, comme j'ai un thème global qui s'appelle "la création du créateur", le devenir et l'être de l'artiste… le devenir et l'être comportent aussi une dimension extérieure, sociale, institutionnelle, etc. Un artiste est dans une institution. L'institution art (l'histoire, esthétique, etc.), les institutions de l'art et je prétends que l'artiste lui-même finit par devenir institution. Il s'agit bien sûr des artistes qui ont une certaine position (sur le marché, dans l'histoire, dans l'institution). Thèse que, il me semble que je dois l'inventer… Donc, voilà pour l'AI. Ce qui me reste, c'est reprendre à Remi Hess, à Guattari, à Lourau que j'ai déjà lu et les relire avec cette idée folle dans la tête: est-ce qu'une personne, un artiste peut être une institution et comment?
Toujours sur l'AI, mais moins directement il y a le cours de Pascal Nicolas-Le Strat (que je laisserais comme PNLS d'ici là, même en tag): Approches critiques des politiques éducatives et sociales en matière d'éducation tout au long de la vie. C'est pas l'AI mais c'est… Il faudra analyser un dispositif et… oui! c'est quoi ça? Sur le dispositif j'ai lu chez Lourau et je reprends la définition que j'avais mise sur mon blog il y a longtemps:
Dispositif + InterventionTerme repris de la Clé des champs de Lourau et qui m’a interpellé par son détournement. Un dispositif, j’aurais tendance à le comprendre comme un appareil, un artéfact, machine produit par l’homme et qui a une fonction. Je pèche ici en faisant un glossaire avec deux termes unis par un « plus » mais… « La finalité d’une intervention est un point capital, mais son énoncé ne peut être dissocié des conditions sociales qui permettent ou non de la matérialiser, afin de ne pas la laisser dans l’état d’une pure bonne intention idéologique. L’organisation de ces conditions est ce que nous nommons le dispositif. » (Lourau, p.27)Entrons en détail.«  L’intervention se définit, dès l’origine de la socianalyse , comme une opération (encore la connotation militaire et aussi médicale !) extérieure à notre champ d’activité habituel, spécialement professionnel. Cette extériorité est mise en relief par la comparaison entre analyse interne (sans appel à un intervenant extérieur) et analyse externe, synonyme d’intervention d’un « sorcier », facilitateur, expert, consultant, évaluateur et même, de plus en plus souvent depuis les lois de 1970-1971 sur la formation continue : formateur. » (Lourau, p. 26)


Voilà, c'est une sorte de faire de l'AI sans vraiment la faire… Et lui en tant que sociologue a pas mal traité sur les thèmes de l'art et surtout de l'artiste en tant qu'être social ou socialement intégré, subi, etc. Il utilise même le langage… Par exemple: "Cette situation-limite devient emblématique de ce que représente l'art à l'époque contemporaine : quelque chose qui ne peut pas se laisser prendre dans une conclusion, une réalité qui s'ancre profondément dans une expression singulière, qui transite par elle mais qui ne saurait s'y enfermer. D'une certaine façon, elle est autre dès avant de naitre au regard et à la réception (sa multiplicité). L'intrusion du spectateur rappelle cette vérité. Elle agit comme analyseur." (PNLS, 1998, p. 59) Je recopie ici nos échanges du forum de ce cours: ça m'aide penser. Et, désolée, mais je crains que je vais travailler ces deux cours en parallèle.
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par Doina Vieru, mardi 31 octobre 2017, 12:52
Bonjour,
Après avoir lu cette première séquence (qui n'est pas facile à digérer; elle donne beaucoup de matériel de réflexion) mon premier questionnement vient sur le comment l'approche-t-on. Théoriquement ou sur le terrain? Ceci en lien avec la validation du cours: l'analyse d'un dispositif.
Dès qu'on parle de pouvoir, on parle immédiatement de soumission à ce pouvoir et, les deux ne sont pas le "mal". Evidemment, c'est la part d'ombre qui m'intéresse vu que ma recherche se concentre sur ce négatif qui est bien plus que ça…  François Jullien sépare ainsi : le "mal" et le "négatif". Le négatif a un « destin coopérant » tandis que le mal détruit et ne produit rien. Donc on est bien dans le négatif qui coopère, qui crée, qui est source de…
Mais, de nouveau, on peut théoriser infiniment sur ces questions négatives-qui-ne-sont-pas-le-mal, mais je sens que l'approche à la théorie change dès qu'on approche le réel, le terrain. Il me semble que dès qu'on approche la réalité, même la norme peut être le négatif (même le mal si on pense au conformisme et à la soumission de Asch ou de Milgram).
Pour ma part, j'attends les autres séquences pour pouvoir me situer dans le sujet plus globalement.
A plus tard,
Doina Vieru
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par Pascal Nicolas-le strat, samedi 4 novembre 2017, 07:48
Bonjour,
Pour Michel Foucault, le rapport de pouvoir est "productif". Il n'agit pas uniquement dans l'empêchement, dans l'interdit. Si nous retenons sa définition selon laquelle un rapport de pouvoir est essentiellement un rapport d'affectation, au sens d'affecter la conduite d'autrui, le pouvoir n'est pas une question abstraite, ni réifiée. Elle est éminemment opérante et agissante. C'est la raison pour laquelle Foucault fonde toujours sa philosophie sur des "dispositifs" précis, des dispositifs de soin, d'emprisonnement, de sexualité. Et c'est la raison pour laquelle, pour la validation, je vous demande d'analyser un dispositif, et plus il est circonscrit, concret, actif... et plus le travail théorique et méthodologique d'analyse pourra s'approfondir.
Et je confirme que mon cours, comme l'ensemble de mes travaux, s'appuie sur une mise en discussion théorique très soutenue. A mes yeux, il n'y a pas de recherche en sciences sociales possible sans ce type de travail. Mais heureusement, dans ma conception profondément démocratique d'une science sociale, il y a plusieurs sensibilités.
Cordialement
Pascal Nicolas-Le Strat
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par Doina Vieru, samedi 4 novembre 2017, 15:39
Bonjour,
Évidemment il faudra que je lise à Foucault! Mais le réel d'un dispositif à analyser me fait réfléchir. Je vois que cette année on a perdu coutume de nous présenter - nous situer professionnellement ou dans notre recherche. En tant qu'artiste peintre qui a commencé en M1 une recherche impossible et qui est tombé (inévitablement) dans le point aveugle de la création, sortir du complexe et du flou artistique est compliqué. Je me trouve dans cette catégorie socio-professionnelle indéfinissable où les normes, les règles et le pouvoir sont appréhendés autrement. Celles-ci ne viennent pas directement de dehors, de l'institution et la soumission à ce pouvoir et plus subtile, est différente. Du coup, le dispositif lui-même, c'est quoi pour un artiste? Lui-même? Son lieu de production ou tous les autres lieux qui font partie de cette complexité floue? J'ai l'impression que ce sont surtout des questions que je me pose à moi-même en temps normal et dernièrement dans le cadre du mémoire où je voudrais sortir de ma tâche aveugle et rencontrer le tangible (très tentée d'écrire "le réel", mais ce qui échappe à la vue et à la raison n'est pas moins réel, juste indéfinissable).
Doina
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par Pascal Nicolas-le strat, dimanche 5 novembre 2017, 08:23
Doina, bonjour,
Pour avoir beaucoup travaillé dans le champ artistique, j'entends votre préoccupation. Ce champ comme les autres est traversé de dispositifs, qui n'agissent pas nécessairement de manière plus subtile mais qui "mobilise" particulièrement des dimensions corporelles, sensibles, symboliques. Une performance est un dispositif, une exposition aussi. Un dispositif intègre toujours une intentionnalité "stratégique" (une visée, un attendu, une attente...). Dans une exposition, par exemple, le dispositif implique qui ? L'artiste, les financeurs, les personnes éclairées qui font la notoriété, ses pairs qui contribue à la socialisation des oeuvres... Edward Becker, avec sa théorie des mondes l'art, montre parfaitement qu'une oeuvre excède largement le colloque singulier de l'artiste avec sa création mais implique de nombreux autres acteurs. C'est là que se logent de nombreux dispositifs, de notoriété, de financement, de réalisation concrète (un atelier), de reconnaissance...
Cordialement
pnls
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par Doina Vieru, dimanche 5 novembre 2017, 17:30
Bonjour Pascal,
avant de passer à la police et à la politique, je reste dans cette notion du pouvoir.
Oui, j'ai lu à Becker, à Raymonde Moulin et aussi votre livre sur les artistes et la créativité diffuse. Donc le dispositif "artistique" externe qui implique tant d'acteurs a été/est analysé de l'extérieur. Du point de vue sociologique, de marché, etc. mais, est-ce que c'est possible de prendre la distance nécessaire et s'analyser  au moment de la production. Déjà, le production physique est palpable, mais aller plus en profondeur, vers la création (pure)? Le jeu des pouvoirs est à tous les niveaux et existe aussi dans un sujet pas seulement en relation avec d'autres. "On use d'un pouvoir à l'encontre d'autres…", peut-on user d'un pouvoir à l'encontre de soi-même? Est-ce que dans ce cas on possède vraiment le pouvoir? Ou celui-ci n'existe qu'en relation avec autrui?  Mais, en revenant au dispositif "artiste" ou celui de l'art même si on n'est pas seulement dans cette "pureté" sublimée, on est dans le jeu et en le jouant, en étant à l'intérieur, on ne voit que quelques arbres, les plus proches au lieu de la forêt…  Donc être à l'intérieur donne une vision privilégie, rapprochée et vécue mais cette vision est brouillée. Trop impliquée aussi.
Ceci pour dire que "pouvoir" n'est pas seulement un substantif, c'est aussi un verbe qui implique capacité et possibilité de faire…
Enfin, je pense un peu à haute voix!  Je devrais ouvrir un journal pour ce séminaire et ne pas polluer le forum :)
Merci,

Doina

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