Paris
9:25, 3 février 2017
Pas facile écrire sur le téléphone, mais l'idée, elle il faut la suivre.
TGV, quelque part, encore une heure jusqu'à Paris et je suis toujours avec Tarkovski. Je ne me rappele pas avoir vu un film entier à lui, peut-être quand j'étais petite, mais je connais son image, je le reconnais. Et sa pensée résonne tellement avec la mienne! Peu importe si les arts sont différents, le cinéma, la musique, la création en général rencontrent les mêmes problèmes. Quoique, de nos jours c'est pire pour les arts plastiques. Je vens de le lire chez Tarkovski et hier je pensais le même. D'ailleurs, je couve cette idée depuis un moment.
La semaine antérieure j'ai vu "Jeanne au bûcher" de Castelucci à l'opéra de Lyon et hier la symphonie numéro 3 de Mahler. D'abord, mon moment préféré de tout spectacle qui implique une orchestre: ce moment parfait où les musiciens entrent, s'installent et commencent à accorder leurs instruments. Je le compare à mon idée du vide préalable au moment de l'œuvre. Mais c'est un vide plein, n'est ce pas ? Mais c'est ça un peu l'idée, comme le dit Gherasim Luca "le vide plein de son vide" (plus ou moins ça, de mémoire). C'est une cacophonie préliminaire. Un moment parfait .
Puis, surtout dans le cas de orchestre symphonique, on observe les musiciens. Le travail qu'ils font et comment le font. J'ai trouvé à Malher extrêmement ennuyeux ce que m'a permis de faire une observation détaillée. Donc il y a des instruments qui participent très peu, juste cinq "boum- boum" au cours d'une heure et demie, mais, non, ils travaillent, ils écoutent et font très attention à ne pas louper leur seconde. Et tous, d'ailleurs, une heure et quarante cinq minutes devant 500 paires d'yeux et aucun droit à l'erreur! Donc, ils ont des années d'apprentissage de l'instrument (quelques-uns font plusieurs instruments ), des semaines de pratique juste pour ce concert et… il y a des gens qui n'arrêtent pas de tousser et de se moucher! Quelqu'un ronflait, mais c'est la faute à Malher.
Un artiste peintre, déjà s'il apprend la grammaire, le savoir faire c'est bien, mais sinon, tout est… je ne trouve pas le bon mot. On improvise. On n'a pas la pression de rendre une œuvre reconnaissable et on n'a même pas la pression du public qui nous observe. On n'a aucune obligation ni contrainte. On ne connaît plus notre propre métier! On embellit de mots des "recherches". Oui, bien sur il y a un besoin de transmettre à travers cette image ou cet objet de quelque chose d'impalpable et qui prend de formes multiples - selon l'œil qui le regarde. Oui, c'est aussi important ça, mais je parle du métier et du travail. Je ne travaille pas autant qu'un musicien ou qu'une actrice (je pense à Audrey Bonnet qui a fait -toute seule sur scène - la Jeanne d'arc de Castelucci. C'était trop beau, lien plus tard, quand j'aurais internet) - je couve plus que je fais physiquement. Le couvage c'est avant et après. Sinon la production physique est rapide, surtout pour la dernière série où j'utilise le feu et la poudre à canon. Quelques traits, un fragment d'un poème écrit rapidement et assez illisible (c'est voulu, il ne faut pas lire, juste reconnaître des mots ou des bouts de mots) puis saupoudrage de la poudre à canon et…. c'est parti en moins d'une seconde! Ou, si je mets feu à la surface, c'est juste l'éteindre à temps… voilà. Mais ce n'est pas fini. Il faut couver de nouveau. Revenir avec l'œil froid une fois l'émotion passée. Analyser. Revoir la grammaire et même l'appliquer. C'est la que le métier commence vraiment? Quand on décide sur le sort et le chemin à suivre de cet objet d'art? Quand on travaille dans l'après coup, une fois l'émotion passée? Sûrement . Ce sont des processus différents, des étapes dans la création… comme de que décrivait Anzieu.
Paris!!! Il fait beau! Ça se publie plus tard: il me faut de l'Internet.
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