En mélangeant des cours de nouveau… Mais, soyons sincères : voyage et autoformation… L’autoformation existentielle  est un voyage au  plus profond du soi. Je me suis permise de faire quelques lectures extra vu qu’il ne me reste à valider que deux cours pour ce semestre. Donc, cœur tranquille, devoir accompli (pas de résultats encore, mais…) je me permet de faire des lectures extras. Des titres qui m’attirent à la bibliothèque et qui sont toujours en lien avec ce que nous intéresse dans ce master.  Voilà donc je prends Le mythe de Sisyphe de Camus où, on le sait bien c’est l’homme dans une tâche infinie, absurde un peu, selon Camus, mais qui est la vie à la fin. Puis, en complément, un titre qui m’a tout simplement attiré « Le métier d’homme » de Jollien.  Nous sommes plein dans l’auto-formation, formation de soi, autoformation existentielle, formation à travers le voyage (dans tous ses sens, physiques où non) et, oui, c’est un métier de l’homme. Sur l’homme. Je joins à Jollien qui inclut aussi les femmes et je regrette profondément cette limitation du français. Belle langue, très riche et poétique qui permet tellement de mutations de jeux et… on a l’homonyme « homme » ! En roumain on a « om », « être humain, homme », « barbat »,  « homme » et « femeie », « femme » - pas de confusions là ! Mais… c’est là aussi la beauté des langues.
Alexandre Jollien, jeune écrivain et philosophe, arrive avec une histoire personnelle très touchante qui explique que devenir homme s’apprend et le plus souvent de la pire manière. Ou de la meilleure ? Il est né différent, avec un handicap, éduqué dans une institution spécialisée, mais trouve la manière de surmonter cette vie qui ne lui promettait rien de bon. Apparemment. Mais, c’était un combat joyeux. Une acceptation de l’inachèvement, de la différence, de l’unicité, l’arrêt de la quête d’une « normalité»… « Le métier d’homme, art de vivre fatal que chacun pratique au quotidien – souvent sans le savoir -, exige par conséquent bien de ressources, une constante ingéniosité déployée pour faire de la vie une victoire, pour assumer sa condition… » (p. 39)
Cette idée de ne pas seulement se former, c’est se trouver aussi.
« Dès les premières heures de l’existence, l’être humain se forme. Pour le petit être jeté dans l’existence, tout est formation, apprentissage. Il s’agit de développer ses facultés pour ne pas périr. Hélas, la quête s’arrête souvent là où commence l’âge adulte. L’habitude s’incruste, les reflexes opèrent, on se déforme, on est déformé… La construction de soi n’échappe pas à la règle. Devant la complexité de la tâche, je suis tenté de baisser les bras, alors que nul autre combat ne nécessite plus de soin. Chaque pratique réclame des compétences, exige un dur labeur. Socrate – avec l’insistance que seul donne un fervent espoir – conviait les Athéniens à se désintéresser des mesquines préoccupations pour s’attacher au véritable objet de conquête, le souci de soi. » (p. 68)
Grandir nous fait arrêter cette quête de soi ? On s’accommode dans la routine et tout roule… comme la pierre de Sisyphe. Aussi, on n’a pas tous cet accès facile à la prise de risque qui nous pousserait à prendre le sac-à-dos  et la route pour une rencontre avec l’autre qui pourrait se révéler finalement un autre soi… L’expérience du voyage, que Jollien  a expérimenté à travers un sifflet donné par une ukrainienne, c’est ça, une expérience qui est « le début de la sagesse. Pourtant, elle peut aussi amener à réduire l’être qui nous fait face à une étiquette : l’étranger… » (p. 74) L’étranger, n’est pas seulement celui qui vient d’un ailleurs physique ou géographique, c’est le différent. Dans le cas de notre philosophe, c’est le « normal » qui pote un regard différent sur sa personne. C’est l’altérité du marginal. Et la question de notre séquence 4 : « Peut-on réellement rencontrer l’Autre sans être un minimum intégré dans sa culture ? ». On peut bien être intégré dans la culture, faire partie de la même (pas seulement comme nation, pays, même quartier, ville ou village), mais l’autre, le différent peut être toujours aussi étrange. Anormal. 
Le livre: 
Jollien, A., Le métier d'homme, Seuil, 2002

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