être institution
Je reviens petit à petit et j'ai fini le séminaire "Penser l'institution avec Georges Lapassade". Cours que je regrette ne pas l'avoir lu l'année dernière, en L3. Très clair et se lit d'un trait même si sa structure est assez bizarre. En effet, à fur et à mesure que les "personnages" apparaissaient, je me rendais compte que ce n'était pas la "conversation" que je pensais lire: on fait parler les morts aussi! C'est une prouesse littéraire, quand même! Les cours qu'on reçoit au début de ce Master sont déroutant dans ce sens: en psychologie on nous donnait le(s) chapitre(s) et on se débrouille jusqu'en juin au moment de recevoir la feuille d'examen avec les deux (parfois une seule) questions; en L3 SDE, on a reçu des bouts de cours durant tout le semestre ce que me déroutait et me stressait pas mal (peur de louper un module)... En master, on revient au vieux "bon" système auquel on m'a habitué en psycho: cours intégral dès le début. Le problème? Les cours sont trop intéressants! J'ai dévoré comme des romans "Le journal de recherche" et "Penser l'institution", pareil les "Théories de l'expérience"! Donc, pas de journal, juste des notes dans le cours même, des petites idées sur lesquelles il faut revenir avec plus de tranquillité...
Mais, en revenant à mes moutons institutionnels et à ma récente inactivité... J'ai regardé un peu de télévision pendant que j'étais malade et je suis tombée sur une série de Netflix "The Crown" (je ne sais pas qu'est que disent les normes APA sur cela) qui raconte la vie de l'actuelle reine d'Angleterre. Rien d'extraordinaire, mais vers les derniers épisodes une chose m'a frappée: cette femme, était (est toujours) plus Etat, que personne. Une institution à elle même.
Dictionnaire critique de la sociologie, PUF, 1982 : " Au sens classique, "instituer un peuple" c'est faire passer de l'état de nature une collection d'individus mus par des passions qui les isolent ou les opposent, à l'état social où ils reconnaissent une autorité extérieure à leurs intérêts et à leurs préférences. Mais l'institution d'un peuple peut se prendre en deux sens au moins. C'est un art du législateur qui donne des lois, mais c'est aussi l'état dans lequel le peuple se trouve une fois qu'il les a reçues du législateur."
Je ne peux pas trouver le bon mot, mais l'institué est aussi une personne qui, de puis sa humanité veut secouer un peu, mais... Une sorte de clivage psychique: instituant et institué dans la seule et même institutionnalisation de la couronne (la couronne ne désigne pas l'objet en soi). L'institution, l'AI se base quand même sur la question des groupes, leur dynamique, sur la sociométrie, psychosociologie: il s'agit du collectif quand même! Et là, je me retrouve devant cette jeune femme qui à elle seule doit représenter, symboliser et maintenir l'institué intact. Etre institution. "Expression et garantie de l'ordre social" (R. Lourau). Lourau (dans le même cours) dit "...l'institution comme le produit d'une confrontation permanente entre institué (ce qui est déjà là, ce qui cherche à se maintenir) et l'instituant (force de subversion, de changement)." et chez Madame, c'est l'institué qui prend le dessus, puisqu'elle l'est. Enfin, je pourrais comprendre les raisons, mais qu'est-ce qu'il ce passe avec l'humain, cette personne qui est institution dans l'institution maritale, familiale et autres? Aurait-elle eu besoin d'une cure? Ou c'est l'éducation reçue depuis sa plus tendre enfance qui n'était dédiée qu'à sa future institutionnalisation lui a permis de survivre? Sur le forum du cours c'est le terme aliénation qui est apparu, terme ambigu qui me semble très adéquat pour cette ébauche d'étude cas. Ce mot que j'associe à la maladie mentale a plusieurs significations. Je recopie depuis cnrtl(1) en ligne:
Action d'aliéner, résultat de cette action.
I.− [L'aliénation affecte une chose]
A.− DR. CIVIL. Action de transmettre la propriété d'un bien, d'un droit, etc. à autrui. Aliénation d'un domaine, d'une terre
B.− DR. INTERNAT. Aliénation de territoire, par annexion
II.− [L'aliénation affecte une pers., une partie de la pers.]
A.− [Une pers. considérée dans ses rapports avec elle-même] Fait de devenir étranger à soi-même, de perdre l'esprit.
1. PSYCH. Troubles psychiques profonds privant un individu de ses facultés mentales. Aliénation d'esprit
2. P. ext. Altération passagère du jugement, de la maîtrise de soi, égarement
B.− [Une pers. considérée dans ses rapports avec autrui]
1. Fait pour des personnes (ou une partie de leur être moral, exprimée par un complément prépositionnel de) de devenir étrangères ou hostiles à d'autres personnes considérées comme responsables de cet éloignement. (Entraîner, provoquer l') aliénation des cœurs, des esprits.
2. PHILOS., SOCIOL. Privation de libertés, de droits humains essentiels éprouvée par une personne ou un groupe social sous la pression de facteurs permanents (Hegel) ou historiques (Marx) qui l'asservissent à la nature ou à une classe dominante. Aliénation économique, politique, religieuse.
Donc, notre cas, la reine, est aliéné dans un sens philosophique et sociologique, même si le définition II A "étranger à soi-même" semble tout aussi bien placé... Transmission, annexion, perte, trouble, égarement, privation: tous des termes qui désignent quand même un mouvement. Progressif ou régressif dans un sens de bon-mauvais, mais mouvement quand même. Et le mouvement est vie... aliéné ou pas. Alors, comment intégrer ça dans l'institution quand quelqu'un est institution? Aucune idée.
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