Yves Klein
Yves Klein
Le dépassement de la problématique de l’art et autres écrits,
Beaux-arts de Paris les éditions, Ministère de la Culture et de la
Communication, 2011
Insupportable.
Et pourtant j’adore son œuvre. (J'imagine que j'aurais le même problème avec Piero Manzoni)
« Les « peintres et les poètes » véritables ne
peignent pas, ni n’écrivent de poèmes. Ils sont tout simplement des peintres et
des poètes à l’état civil. Leur présence est le seul fait qu’ils existent comme
tels, c’est leur grande et unique œuvre
et là vraiment on revient, ou plutôt on atteint au chef-d’œuvre, non pas
comme ces peintres d’aujourd’hui qui battent monnaie en produisant leurs
tableaux au lieu de les peindre.
Un peintre doit peindre un seul chef-d’œuvre :
lui-même, constamment, et devenir ainsi une sorte de pile atomique, Une sorte
de générateur à rayonnement constant qui imprègne l’atmosphère de toute sa
présence picturale fixée dans l’espace après son passage. Ça, c’est la
peinture, la vraie au XXe siècle : l’autre, c’était autrefois les
exercices justifiés d’élagage et de travail d’introspection. » (extraits journal 1957, pp. 43-44) Même
époque que l’expressionnisme abstrait américain ou l’abstraction lyrique…
Conférence à la Sorbone
« …je me doive de prendre devant vous mon élan en
remontant rétrospectivement le long du tremplin de mon évolution, cela à
recoulons, sans perdre de vue l’extrémité bien consciemment atteinte, celle de
l’immatérialisation dans l’art, pour tenter d’aller rebondir, en un seul saut
prodigieux, du bord de la problématique de l’art dans une authentique réalité
immatérielle, cela, par ce que nous appelons la sensibilité, dont nous pensons
avoir cerné l’intelligente existence depuis si longtemps déjà, tout en restant
malgré nous emprisonnés dans le vertige psychologique de la composition, aux
limites de l’incommensurable prestige de ka vie elle-même, de la vie en soi, où
la personnalité en aucun cas jamais ne peut s‘inscrire. » (p. 120)
« Il ne faut pas comprendre que je condamne la
technique, non, mais laissons-là à sa place. Plus on vit dans l’immatériel,
plus l’on aime la matière. La technique est un moyen, la science comme l’art
est une fin. En aucun cas, la technique ne peut devenir une entité complète,
autonome, comme l’est le fait scientifique ou l’œuvre d’art. « Malheur au tableau qui ne
montre rien au-delà du fini ! Le mérite du tableau est l’indéfinissable : c’est justement
ce qui échappe à la précision », recopie Delacroix dans son journal. » (p.
123)
« L’immortalité se conquiert en commun, c’est une des
lois de la nature de l’Homme, en fonction de l’univers : pour créer, il ne
faut jamais se retourner pour considérer don œuvre car alors c’est l’arrêt, c’est la mort.
L’œuvre doit être comme un sillage
volumétrique de pénétration par imprégnation en sensibilité, dans l’espace
immatériel de la vie elle-même. » (p. 124)
« Descartes, que tous les fanatiques de cet art du geste
et du signe condamnent et méprisent, a prévu l’engin technique qui devient
objet scientifique. » (p. 128) Yes!
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