Kubin – suite



Rythme et construction, 1924

Deux composantes de l’expression artistique :

«1. Le mouvement inconscient de la man qui s’ajuste spontanément : le rythme.
2. l’idée claire qui précède sa réalisation sensible : la construction. » (p. 44) ?? Idée claire ? Avant il parlait des impulsions qui lui font donner forme aux cauchemars. Je dirais qu’il se contredit, mais c’est ça le truc dans la création : tout est vrai et rien ne l’est.  La meilleure explication vient de Kubin lui même :

Souvenirs d’un pays à moitié oublié. Sur la fécondation artistique, 1926

« Chaque artiste sent et crée de façon purement personnelle. C’est aussi la raison pour laquelle on ne peut énoncer aucune règle universellement valable sur l’énigmatique processus qui est à la naissance d’une œuvre  picturale. L’une est peut-être née en un clin d’œil  dans l’âme fiévreuse et décidée de son créateur, une autre ne s’est peut-être révélée que peu à peu à son regard intérieur, après beaucoup de d’esquisses et de croquis. » (p. 53) Oui, Alfred, chaque créateur engendre différemment et chaque créature nait est née différemment et différente. Mais il doit y avoir un ou deux (ou trois) éléments communs à tous, même aux contemporains conceptuels… Et je pense qu’il y a une règle universelle de la création et elle est la suivante : on ne sait pas, c’est le mystère. Cette règle a l’aire d’être complètement stupide : d’une part parce qu’elle ne dit rien et de l’autre qu’elle est un mystère (elle dit qu’on ne sait pas). Le deuxième point est très important parce que c’est le fondement de toute découverte : on part du fait qu’on ne sait pas ; tout ce que l’on sait c’est qu’il a quelque chose qui produit, qui génère, qui existe et on veut l’expliquer. Les mystères et leur explication appartiennent à Blaga qui dit sur l’inconnu qui même s’il est « circonscris à la connaissance luciférienne, la phrase sur la suppression de l’inconnu reste prétentieuse, car dans le cadre de la connaissance (paradisiaque ou luciférienne) il ne s’agit pas vraiment de la suppression de l’inconnu. La connaissance luciférienne pénètre intensivement dans l’inconnu, mais ses victoires peuvent signifier au plus la substitution de certains mystères ouverts par d’autres, qui, face aux mystères initiaux, représentent des mystères métamorphosés qualitativement dans des directions différentes. » (p. 262) Je dirais qu’il faut respecter le mystère en tant que tel et de le considérer un noyau autour duquel tourne tout.   Ce mystère c’est la création. On peut dire que tout ce que l’on peut faire c’est de tisser autour de ce noyau-mystère. Peut-être je ne laisse pas deviner dans mon discours qui fait éloge au non-savoir et au mystère, mais je crois à la science. Je donne autant d’importance aux sciences cognitives qu’à la psychanalyse et à la philosophie. Je ne crois pas au « cœur », je crois que tout notre fonctionnement intellectuel, poétique et créatif se situe dans cet amas de neurones, le cerveau qui fonctionne à la perfection. Il est incroyable et est toujours un mystère. Comme la vie. Donc, de quelle règle et découvrement du mystère de la création artistique peut-on parler si on ne sait toujours pas comment c’est créée la vie et comment fonctionne cette machine qu’on a dans le crâne ? Ce n’est pas divin. Il n’y a pas un dieu qui nous souffle vie, sagesse et création : c’est un mécanisme ( ?) qui fonctionne par connexions et décharges électriques. Je trouve cela merveilleux. Donc on ne sait pas. Les scientifiques ne le savent pas. Tout ce que l’on peut faire c’est de tisser autour, découvrir légèrement le mystère. On peut se demander alors « et pourquoi la recherche ? » ben, non plus, on ne va pas rester agenouillés devant un mystère en train de l’idolâtrer. On le respecte, mais on ne lui confère as de pouvoirs surnaturels. On essaie de l’approcher sans le tuer par la raison (Blaga). Je pense que c’est la zéro-connaissance dont parle Blaga : « par la zéro- connaissance comme « direction », le mystère ouvert se fixe comme identité à soi-même dans une position définitive, reconnue comme inattaquable par des moyens conceptuels-cognitifs. » (p. 263) Il faut trouver d’autres moyens.   Et maintenant je rends compte qu’il n’y a pas d’issue :D ! Mais si, justement, il y a : je veux travailler sur le négatif. Qu’est que c’est ? Aucune idée.

Continuons avec Kubin.

Fragment d’une image du monde, 1931

« Pour moi, c’est peu à peu devenu une certitude que l’homme se compose de l’assemblage énigmatique de deux essentialités impersonnelles : le Chaos et le Soi. J’appelle le Chaos, le fond abyssal de la matière, le fondement de la vie, mais je me garderais bien d’en rendre compte autrement que par des images. » (p. 77) Est-ce que c’est le chaos de Deleuze ? Celui qui crée ou qui abrite en son sein la création. On dirait que je confonds création artistique avec création du monde mais… la création d’une œuvre  d’art est la création d’un monde nouveau. Soit qu’il sort du rien, soit qu’il sort du chaos… Dans une lecture parallèle et un peu honteuse d’un bestseller, Le code da Vinci de Dan Brown (à ne jamais mettre dans une bibliographie sérieuse ( ?)) je trouve le numéro phi, la divine proportion. Je n’ai aucune idée de mathématiques, mais la proportion dorée, le nombre d’or ne m’est pas inconnu dans des affaire de composition et des proportions humaines (l’homme de Vitruve, l’exemple parfait): tout est conçu (ou existe) dans une relation parfaite. Sans calculer réellement ces choses, on les applique. Donc, tout existe en une harmonie parfaite et selon une règle universelle : comme construit d’après un modèle/système, dans une séquence et avec des proportions parfaites. Je ne connais pas la séquence de Fibonacci sauf graphiquement et si l’on suit ma lecture de vacances et d’autres texticules et théories mi-conspirationnistes qui se croisent sur le chemin, dans la nature tout est parfait, il n’y a pas de chaos. Comme notre cerveau qui s’apparente apparemment à l’univers même. Les plantes, les insectes, les escargots, tous construits sous cette proportion « magique »… Alors ? Même si l’on mêle mathématiques et autres sciences tout aussi obscures (pour moi, pour qui la logique formelle n’a pas de sens parce que le vrai et le faux n’existent pas, mais tout ce qu’il y a entre les deux, oui) on ne sait toujours pas… Rien. Le personnage de ce roman raconte à ses étudiants: "...dans le chaos du monde s'occulte l'ordre. Quand les anciens ont découvert phi, ils étaient sûrs qu'ils avaient trouvé la mesure avec laquelle Dieu créa le monde (...) La mystérieuse composante magique inhérente à la proportion divine a été écrite aux débuts du temps. L'homme se limite à suivre les lois de la nature et [...] l'art est la tentative de l'homme à imiter la beauté de la main du Créateur..." (traduction rapide de l'espagnol, p. 139) Je ne suis pas sûre qu'il ait une mesure, un étalon quelconque...  
 « Participant de la substance du Chaos comme de celle de l’énigmatique Soi, je vois l’homme destiné avant tout à faire de son insaisissable et plastique réalité un e irréalité que nous appelons le monde. L’homme est un aventurier de l’infini, lequel lui donne des forces inconnues. Son activité consiste à donner du sens et dans tous les dessins, dans tous les poèmes, dans toutes les musiques, elle est renforcée par la faculté de rendre claire et cohérente, une sensation obscure. » (…) « Le véritable artiste arrive à recouvrir le fond abyssal, à assurer la permanence du monde. » (p. 78)
« A vrai dire il n’y aurait qu’un seul malheur pour moi : devoir vivre et ne pas pouvoir créer ! » (p. 82)

Voyons cette fameuse séquence de Fibonacci et proportion dorée après une rapide recherche sur google:
















Etc. On peut toujours trouver la perfection mathématico-géometrique...  On peut aussi trouver le chaos... 




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