Francis Bacon – Entretiens avec Michel Archimbaud
Francis Bacon – Entretiens avec Michel Archimbaud
- suite –
Sur la connaissance :
« FB – (…) La connaissance n’est pas
cumulative comme en science. (…) En science, on pense que ce qui vient après
est plus vrai que ce qui était avant, ce n’est pas du tout la même chose en
art, le temps n’est pas le même (…)
MA – Braque disait :
« L’écho répond à l’écho, tout se répercute. »
FB – Oui, c’est cela, c’est une
belle définition. Parce que créer quelque chose, c’est cela, une sorte d’écho
d’un créateur par rapport à un autre[1].
MA – Ce pourrait être pour vous
une bonne définition de la création ?
FB
– Oui, encore je ne sais pas comment vous dire, mais comme je n’ai absolument
pas un esprit ordonné, c’est aussi par une sorte de rejet[2] continu que je parviens à créer. Les deux sont
vrais : l’écho et le rejet. C’est tout ce que je n’aime pas et tout ce qui
m’influence qui contribuent à ce que je fais. » (pp. 114 -115)
« FB – Je ne peux pas
travailler dans des endroits trop ordonnés. (…) Je ne sais pas pourquoi, mais
ça m’aide. Je crois que c’est la même chose par rapport à mon travail. Quand je
commence, je peux avoir des idées, mais, la plupart du temps, j’ai seulement et
surtout l’idée de faire, et cela n’a rien de bien ordonné dans ma tête, je
réponds à une excitation, à un point c’est tout. Si cela doit s’ordonner, c’est
sur la toile que ça se fait, en cours de route, après. Le résultat n’est
malheureusement pas souvent à la mesure de l’excitation initiale[3]. » (pp. 136- 137)
Sur la peinture :
« FB – C’est un monde en soi, la
peinture, et il se suffit à lui-même. On ne dit rien d’intéressant la plupart
du temps quand on parle de peinture. Il y a toujours quelque chose de
superficiel. Que peut-on dire ? Au fond, je crois qu’on ne peut pas parler
de peinture, on ne peut pas. (…) Mais vraiment, je ne crois pas cela possible,
et même si cela l’était, ce n’est pas important. L’important pour un peintre, c’est
de peindre et rien d’autre.
MA – Peindre en toute
circonstance ?
FB – Oui, même des faux, pourvu
qu’il peigne. » (pp. 145-146)
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