Relecture faite et… d’une part je me rends compte que je n’ai pas été très constante dans ce journal. Dans les journaux en général – c’était le mois d’écriture de textes, essais, analyses et dossiers et comme je l’avais compris l’année dernière, le journal reste avec les choses les plus intéressantes… Donc il faut faire des choix, produire un essai ou poser librement des idées dans un journal. Personnellement je préfère le journal : c’est une modalité qui me permet d’avoir mon désordre et qui ne demande pas introduction-corps-conclusion. Il n’y pas de linéarité à respecter.
En comparant le travail que j’avais fait sur/autour l’AI en L3 et en M1, je sens que je me suis donné la liberté de réfléchir un peu plus et en cette occasion René Lourau a été mon guide. La clé des champs est un petit livre que j’avais beaucoup travaillé et maintenant j’ai abordé aussi son Analyse institutionnelle. Comment ne pas le faire ? Il m’étonne à chaque fois ! Il dépasse le concept d’institution telle qu’on la perçoit directement et par là donne aussi une autre dimension à l’analyse institutionnelle. Tout comme René Barbier qui introduit l’existentiel et le transpersonnel ( ainsi que la poésie et l’art) dans la recherche action.
Lourau m’offre deux choses qui sont en relation directe avec mon sujet de recherche :

Je me demandais (sur le forum je crois) si une personne peut-elle être considérée une institution. Par cela je me référais aux artistes qui sont arrivé à un certain sommet de leur carrière : leur nom vaut (valeur monétaire même), ils sont un Trade mark, un establishment avec leur propre musée, leur fondation, leur école. Par école je désigne plus l’influence sur d’autres artistes, un peu comme l’urinoir de Duchamp qui a ouvert voie et a permis l’existence d’un art différent… Ça peut être Soulages avec son grand musée de Rhodez, ou Kiefer avec ses bunkers gigantesques. Aussi toute une cohorte d’artistes contemporains qui ont leur entreprise productrice d’œuvres – Jeff Koons, par exemple. Mais Lourau me donne une autre idée qui rejoint l’artiste entrepreneur avec ma recherche qui traite de l’autopoïèse: « Hauriou précise ensuite, ne craignant pas de transposer sa définition générale de l’institution à la définition de l’individu : « Il se peut que l’être humain consiste essentiellement en une idée d’œuvre  à réaliser, servie par un pouvoir de gouvernement et provoquant des manifestations de communion dans un groupement d’êtres élémentaires. » Et voilà comment l’homme est une institution… » (L’analyse institutionnelle, pp. 59-60)  Oui, l’humain est une œuvre  qui se réalise, qui se crée à soi-même à travers la création ou autre chose.
Puis, comment se fait, cette création ? La création de soi et la création de l’œuvre  d’art, les deux allant de main. Dans ma note d’investigation j’avais conclu que la création se fait dans le non-savoir. Non-savoir qui est essentiel même à la création artistique pure. Évidemment ce non-savoir, non rationalisation, non verbalisation  est important dans l’acte de créer qui n’est qu’un moment dans un processus plus complexe qui comporte une très large partie d’(auto)réflexion.
Quel non-savoir dans l’AI ?

« Elle réside dans la claire considération des limites théoriques et pratiques que l’analyse en situation rencontre et dessine elle-même dès qu’elle est instituée dans la pratique sociale. La considération de ces limites est inséparable de la conscience du non-savoir qui ne doit être jamais absente de l’analyse. Ce non-savoir, qui, mieux que Hegel, théoricien déchiré du Savoir absolu, pourrait en donner une idée ? « L’esprit conquiert sa vérité seulement à condition de se retrouver soi-même, dans l’absolu déchirement. L’esprit est cette puissance en n’étant pas semblable au positif qui se détourne du négatif (comme quand nous disons d’une chose qu’elle n’est rien, ou qu’elle est fausse, et que, débarrassé alors d’elle, nous passons sans plus à quelque chose d’autre), mais l’esprit est cette puissance seulement en sachant regarder le négatif en face, et en sachant séjourner près de lui (8) . » (Lourau, L’analyse institutionnelle, p. 21)

Sur ce, je retourne vers mon mémoire qui traite sur ça : esprit, création, négatif et non-savoir. 

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