Je ne veux pas rendre ce journal AI un journal de lectures, je veux l'inscrire dans un sujet. Comme je ne trouve rien de l'AI directement lié à l'art, à l'artiste… je retourne vers le passé, vers mes anciens journaux (la vérité: je cherche dans mon blog tout ce que porte le tag: AI ou analyse institutionnelle) et je trouve des choses intéressantes. Des idées, des lectures que j'avais oubliées.
Je vais faire une recompilation. Parce qu'en relisant ce journal je pourrais avoir une idée plus claire. Et je viens de trouver un article que j'ai absolument besoin de relire!

mercredi 28 décembre 2016 
(...) Dans ce moment l’illumination, l’analyse institutionnelle est devenue une voie à explorer, une possibilité de questionner l’institutionnalisation de l’art, l’établissement validant, l’art comme institution ou les mécanismes qui produisent la valeur artistique. «Par approche institutionnelle, j’entends l’idée que les œuvres  d’art sont de l’art en   conséquence de la position qu’elles occupent au sein d’un cadre ou d’un contexte institutionnels. " (Dickie, G., « La nouvelle théorie institutionnelle de l’art », Tracés. Revue de Sciences humaines [En ligne], 17 | 2009, mis en ligne le 30 novembre 2011, consulté le 27 avril 2016. URL : http://traces.revues.org/4266 ; DOI:10.4000/traces.4266) (...)
Ce qui est clair, pour l’instant, que l’analyse institutionnelle participera, mais plus tard. Je me suis rendue compte ces derniers jours que je veux construire un parcours, pas seulement chasser un diplôme. Je songeais au mémoire du M2 et à la thèse. Je devrais déjà commencer à rédiger un plan de ma note d’investigation qui sera un chapitre du mémoire et une petite partie de la thèse : il s’agit de construire et faire la mise en place de quelque chose plus grand. Cette année, j’ai fait le choix d’explorer l’arrière cuisine de la création. Peut-être il s’agit d’un besoin personnel qui ne veut rien savoir du monde de l’art externe, inscrit dans une collectivité. J’ai commencé à lire l’Analyse institutionnelle de Lourau et dès l’introduction il explique clairement que personne s’échappe à l’institution  et aux normes «Une norme universelle, ou considérée comme telle, qu’il s’agisse du mariage, de l’éducation, de la médecine, du salariat, du profit, du crédit, porte le nom d’institution » (p. 9)  Ce que me remet à ma place pas si privilégié de l’artiste. « On confond souvent particularité et singularité, et l’on oppose artificiellement le général (l’universel) et le particulier, en oubliant que cette opposition est purement abstraite, qu’elle n’existe jamais dans la pratique, mais seulement dans l’idéologie et dans la philosophie idéaliste » (p. 11).  Voilà, laissons l’utopie et le mythe : on bien tous dans l’institution. Pour quoi ce retour vers l’AI ? Le travail en groupe sur le non-travail. Ma collègue C., qui arrive avec « LE TEMPS DE LA MATERNITE ou la rencontre avec son bébé, moment instituant dans la vie des mères et des pères ». Le bébé comme moment instituant ! Je suis fascinée par l’idée et dans le monde de l’art, l’instituant peut prendre les formes les plus bizarres.
Mais, pour conclure cette intervention si longue : j’ai postulé avec des idées très claires et je poursuis toujours mes intérêts. C’est juste la découverte de nouvelles informations sur le chemin qui me dévie un peu, ce qui est bien : il ne s’agit pas d’entreprendre des études en sachant déjà…
mercredi 7 décembre 2016
(...) Je viens de feuilleter mon journal pour l'AI de L3 et je vois que tout simplement j'étais dans un autre moment. Un moment actif: deux licences, des expositions, un stage dans un hôpital, etc. Donc, c'était un moment où l'analyse institutionnelle avait du sens. Guattari était venu au bon moment, aussi Barbier et Lapassade. Et maintenant, je suis plus l'artiste qui étudie qu'un étudiant tout court. L'été passé j'ai pris de décisions sur ma vie et j'ai vécu des événements qui ont confirmé ce que je pensais sur les institutions dès début: un artiste est dehors de l'institution. Point. En tous cas, maintenant je refuse d'avoir des affaires avec les institutions-établissement et l'institution "Art", en général, n'est pas claire du tout de nos temps. N. Heinich parle d'une histoire institutionnelle de l'art - les académies. Les institutions de la peinture sont: "école, concours, jurys, récompenses" (p. 29) Apparemment il y a eu une rupture de ce système avec les impressionnistes, mais... en réalité... C'est l'effet Mulhmann. L'instituant s'institue tout de suite. Surtout dans ce monde de l'art où la nouveauté et le scandale sont si prisés. Donc, en lignes générales, ce que a causé rupture et a changé des choses, est revenu en fait au même: la règle. Nous, les artistes, on déteste l'institution dans un souci de feinte indépendance et originalité (rien comme notre narcissisme) mais en même temps on l'adore. Une sorte d'amour-haine et besoin réciproque. L'institution est reconnaissance et on la veut. On veut être diplômé d'une grande école, gagner des concours et participer à des biennales prestigieuses, être dans un musée reconnu, mais on ne le dit pas: on garde les apparences et on prétend d'être instituant en dehors du système. Personnellement, je veux toujours exposer au Tate Modern  ou autre, mais... eh... j'habite en Équateur, donc je peux me détendre et ne plus prétendre à l'impossible. Je me sens dans un moment de coupure avec les institutions locales et  assez libérée.
Le drôle de toute cette histoire de l'institution de l'art, celle qui dépasse les établissements cités plus haut, c'est que l'institué d'antan semble redevenir instituant. C'est bizarre. Ou, peut-être,   c'est juste une histoire de -ismes. On sait tous que l'art à travers le temps à été classique, romantique, impressionniste, expressionniste, etc. Duchamp est venu chambouler ce qu'on connaissait comme peinture depuis toujours: image reproduite sur un support. Et maintenant on a des performances, des idées, des happenings, des machins, des appareils, des concepts, des tas de trucs (il y a toutes une histoire de "tas" contemporains dans les musées et les galeries d'art), donc une histoire de l'art contemporain où la peinture ne trouve plus sa place. Je le vois simple: la peinture instituée depuis la nuit de temps vient d'être déplacée par l'instituant "art contemporain" et maintenant, faire de la peinture revient presque à devenir instituant... comment le formuler? L'instituant (peinture) voulant déplacer l'institué  (art contemporain) qui était instituant (art contemporain) il y a un moment? Est-ce clair? Bien sûr, tout cela dans le cadre de la grande institution "Art" qui est régie par le marché. L'institution de la reconnaissance. Du coup, moi, l'artiste peintre qui se sentait très passée de mode (la peinture est morte, disait Dada) je me sens dans un underground, hors circuit, hors mode et hors institution... Hors circuit officiel, évidement, autrement les gens veulent toujours des peintures qui harmonisent avec le divan pour décorer leur salon, mais ça, ça n'intéresse pas: on veut de la gloire aussi. C'est pas mal. J'ai parlé un peu sur mes ressentis sur l'autre blog, celui d'artiste sur ce genre de phénomènes et je voudrais répéter que je n'ai rien contre l'art contemporain: il y a des excellents artistes et de très mauvais aussi (tout comme en peinture). Je suis un peu envieuse? Peut-être. Mais en ce moment de ma vie, je préfère me déclarer en dehors de l'institution. Je crois que la presbytie aide.      

Commentaires

Articles les plus consultés