Mon désir de ne plus participer aux forums semble exaucé: le professeur n'interviendrait plus sur celui des multiréférentialité et les deux dernières séquences que j'ai manqué, étaient aussi les plus intéressantes. J'aurais eu des choses à dire, mais... tant pis. Le travail, par contre, n'avance pas et j'ai eu la nouvelle qui confirme le pas inexorable du temps: j'ai besoin de lunettes. J'ai débarqué chez l'ophtalmologue avec le livre de Howard S. Becker qui est imprimé dans des lettres minuscules, genre taille 8 ou 9 (ça devrait être illégal) "Monsieur, je ne peux pas lire! C'est le livre ou c'est moi?". Légère presbytie due à l'âge. Youpi.  Bonjour, vieillesse. 
Mais, je me suis donné ce moment de journal pour une autre raison. C'est pour l'analyse institutionnelle. Et pourquoi je n'ai rien fait (ou presque) pour ce cours. Je viens de feuilleter mon journal pour l'AI de L3 et je vois que tout simplement j'étais dans un autre moment. Un moment actif: deux licences, des expositions, un stage dans un hôpital, etc. Donc, c'était un moment où l'analyse institutionnelle avait du sens. Guattari était venu au bon moment, aussi Barbier et Lapassade. Et maintenant, je suis plus l'artiste qui étudie qu'un étudiant tout court. L'été passé j'ai pris de décisions sur ma vie et j'ai vécu des événements qui ont confirmé ce que je pensais sur les institutions dès début: un artiste est dehors de l'institution. Point. En tous cas, maintenant je refuse d'avoir des affaires avec les institutions-établissement et l'institution "Art", en général, n'est pas claire du tout de nos temps. N. Heinich parle d'une histoire institutionnelle de l'art - les académies. Les institutions de la peinture sont: "école, concours, jurys, récompenses" (p. 29) Apparemment il y a eu une rupture de ce système avec les impressionnistes, mais... en réalité... C'est l'effet Mulhmann. L'instituant s'institue tout de suite. Surtout dans ce monde de l'art où la nouveauté et le scandale sont si prisés. Donc, en lignes générales, ce que a causé rupture et a changé des choses, est revenu en fait au même: la règle. Nous, les artistes, on déteste l'institution dans un souci de feinte indépendance et originalité (rien comme notre narcissisme) mais en même temps on l'adore. Une sorte d'amour-haine et besoin réciproque. L'institution est reconnaissance et on la veut. On veut être diplômé d'une grande école, gagner des concours et participer à des biennales prestigieuses, être dans un musée reconnu, mais on ne le dit pas: on garde les apparences et on prétend d'être instituant en dehors du système. Personnellement, je veux toujours exposer au Tate Modern  ou autre, mais... eh... j'habite en Equateur, donc je peux me détendre et ne plus prétendre à l'impossible. Je me sens dans un moment de coupure avec les institutions locales et  assez libérée. 
Le drôle de toute cette histoire de l'institution de l'art, celle qui dépasse les établissements cités plus haut, c'est que l'institué d'antan semble redevenir instituant. C'est bizarre. Ou, peut-être,   c'est juste une histoire de -ismes. On sait tous que l'art à travers le temps à été classique, romantique, impressionniste, expressionniste, etc. Duchamp est venu chambouler ce qu'on connaissait comme peinture depuis toujours: image reproduite sur un support. Et maintenant on a des performances, des idées, des happenings, des machins, des appareils, des concepts, des tas de trucs (il y a toutes une histoire de "tas" contemporains dans les musées et les galeries d'art), donc une histoire de l'art contemporain où la peinture ne trouve plus sa place. Je le vois simple: la peinture instituée depuis la nuit de temps vient d'être déplacée par l'instituant "art contemporain" et maintenant, faire de la peinture revient presque à devenir instituant... comment le formuler? L'instituant (peinture) voulant déplacer l'institué  (art contemporain) qui était instituant (art contemporain) il y a un moment? Est-ce clair? Bien sûr, tout cela dans le cadre de la grande institution "Art" qui est régie par le marché. L'institution de la reconnaissance. Du coup, moi, l'artiste peintre qui se sentait très passée de mode (la peinture est morte, disait Dada) je me sens dans un underground, hors circuit, hors mode et hors institution... Hors circuit officiel, évidement, autrement les gens veulent toujours des peintures qui harmonisent avec le divan pour décorer leur salon, mais ça, ça n'intéresse pas: on veut de la gloire aussi. C'est pas mal. J'ai parlé un peu sur mes ressentis sur l'autre blog, celui d'artiste sur ce genre de phénomènes et je voudrais répéter que je n'ai rien contre l'art contemporain: il y a des excellents artistes et de très mauvais aussi (tout comme en peinture). Je suis un peu envieuse? Peut-être. Mais en ce moment de ma vie, je préfère me déclarer en dehors de l'institution. Je crois que la presbytie aide.  




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