Je fais l'exercice de relecture et le commentaire de mon journal passé sous word et je découvre et j'arrive vers des pistes très intéressantes. mieux dit, tout prend forme. Je me suis rappelée de ma lettre de motivation pour la candidature en ce master et l’analyse institutionnelle prenait une place très importante. Je vais revenir vers une partie de cette lettre et revoir mes désirs. Voir si je me suis perdue sur le chemin ou non…
La décision de poursuivre en Master à partir d’une licence où je suis arrivée presque par hasard, c’est donnée au cours du deuxième semestre dans le cadre du cours sur l’analyse institutionnelle. Ce cours, m’a fait connaître avant tout ma propre université : Paris 8 Vincennes Saint-Denis à travers les yeux de Lapassade ou de Hess. L’analyse institutionnelle que j’ai comprise comme caractéristique (native, disons) de Paris 8 m’a fait aussi ébaucher, vers la fin du journal qu’on a du présenter, une première idée de lien entre l’art, ma condition d’artiste et les études en sciences de l’éducation sans vouloir toutefois de devenir un pédagogue… Peut être l’acte de créer peut générer beaucoup d’hypothèses, mais il a droit aussi à un peu de mystère. Peut être la création sans le mystère qui l’entoure perdrait de sa raison d’être tout simplement… Dans ce moment l’illumination, l’analyse institutionnelle est devenue une voie à explorer, une possibilité de questionner l’institutionnalisation de l’art, l’établissement validant, l’art comme institution ou les mécanismes qui produisent la valeur artistique. «Par approche institutionnelle, j’entends l’idée que les œuvres  d’art sont de l’art en   conséquence de la position qu’elles occupent au sein d’un cadre ou d’un contexte institutionnels. »[1]
Dans le guide de l’étudiant pour le M1, mis à notre disposition sur la plateforme, je retrouve l’analyse institutionnelle sous le nom de « Penser l’institution », mais je ne puis pas prétendre en ce moment d’avoir une idée claire de projet de recherche : le programme de ce Master s’annonce émotionnant sous plusieurs aspects. « Autoformation et réflexivité »,  « Le journal de recherche », « Les théories de l’expérience », « Le voyage comme occasion de formation » ou «Langues et ouverture interculturelle » sont autant de promesses de découverte et de continuation. C’est possible que cette première idée de projet de recherche pourrait tout simplement disparaître, au moins changer radicalement… Ou, cette idée de l’art institutionnalisé pourra tout simplement s’enrichir (et le devra) à partir d’autres cours proposés qui ont attiré mon attention et allumé ma curiosité…
Ainsi, le désir de postuler à ce Master qui m’est venue pendant le cours sur l’analyse institutionnelle tout en me demandant sur le rôle ou le place de l’artiste dans l’institution n’a pas fait disparaitre l’évidence du fait que l’acte créatif/artistique n’est pas une chose qui vient naturellement : il s’agit d’une éducation. Éducation, formation, de goût, des critères, d’un savoir-faire, faculté de juger du beau qui… ne s’arrête pas à l’obtention d’un diplôme. La formation artistique je ne peux que la réduire à mon expérience personnelle ou à celle de mes collègues artistes : il y a des écrits sur l’art et les artistes, mais qui traitent sur la pratique artistique en soi, pas sur la pratique artistique en tant que formation. En fait, on apprend en faisant, en peignant des tableaux, en sculptant ou en dessinant, en faisant les premières expositions (avec une épouvantable muséographie), en faisant le premier catalogue ou le premier blog ou site web d’une façon tout à fait formaliste en verbalisant rarement l’acte ou l’idée. Il s’agit de l’expérience comme pivot de l’apprentissage. L’expérience est aussi «l’expérience muette », celle qui Merleau-Ponty a si bellement décrit dans son L’œil et l’esprit. Celle de l’indicible, de l’invisible et celle des sensations…  L’indicible tel comme le décrit Kant, une sorte de « Le créateur d’un produit qu’il doit à son génie ne sait pas lui-même commente se trouvent en lui les idées qui s’y rapportent. »[2] Donc, je pourrais aisément me retrouver avec deux thèmes de recherche, seulement les cours du premier semestre guideront mieux la voie à suivre.  Mais je suis tout à fait certaine que l’orientation thématique de l’axe C du laboratoire EXPERICE, surtout l’orientation thématique 2 « Parcours de vie et processus de formation » me permettrait  de traiter le thème qui m’intéresse, qui fait partie de moi avec « le temps et l’existence », les « crises, ruptures et tournants de vie », les « biographies intellectuelles pour saisir une pensée du possible en acte »…  Que ce soit à travers le prisme de l’analyse institutionnelle ou tout simplement appréhender l’art, l’acte créatif comme processus infini auto-formatif dans la vie d’un créateur, les voies sont multiples et toutes pourraient conduire vers un résultat. Ou, au moins s’approcher un peu plus.
Ce qui est clair, pour l’instant, que l’analyse institutionnelle participera, mais plus tard. Je me suis rendue compte ces derniers jours que je veux construire un parcours, pas seulement chasser un diplôme. Je songeais au mémoire du M2 et à la thèse. Je devrais déjà commencer à rédiger un plan de ma note d’investigation qui sera un chapitre du mémoire et une petite partie de la thèse : il s’agit de construire et faire la mise en place de quelque chose plus grand. Cette année, j’ai fait le choix d’explorer l’arrière cuisine de la création. Peut-être il s’agit d’un besoin personnel qui ne veut rien savoir du monde de l’art externe, inscrit dans une collectivité. J’ai commencé à lire l’Analyse institutionnelle de Lourau et dès l’introduction il explique clairement que personne s’échappe à l’institution  et aux normes «Une norme universelle, ou considérée comme telle, qu’il s’agisse du mariage, de l’éducation, de la médécine, du salariat, du profit, du crédit, porte le nom d’institution » (p. 9)  Ce que me remet à ma place pas si privilégié de l’artiste. « On confond souvent particularité et singularité, et l’on oppose artificiellement le général (l’universel) et le particulier, en oubliant que cette opposition est purement abstraite, qu’elle n’existe jamais dans la pratique, mais seulement dans l’idéologie et dans la philosophie idéaliste » (p. 11).  Voilà, laissons l’utopie et le mythe : on bien tous dans l’institution. Pour quoi ce retour vers l’AI ? Le travail en groupe sur le non-travail. Ma collègue C., qui arrive avec « LE TEMPS DE LA MATERNITE ou la rencontre avec son bébé, moment instituant dans la vie des mères et des pères ». Le bébé comme moment instituant ! Je suis fascinée par l’idée et dans le monde de l’art, l’instituant peut prendre les formes les plus bizarres.
Mais, pour conclure cette intervention si longue : j’ai postulé avec des idées très claires et je poursuis toujours mes intérêts. C’est juste la découverte de nouvelles informations sur le chemin qui me dévie un peu, ce qui est bien : il ne s’agit pas d’entreprendre des études en sachant déjà…





[1]Dickie, G., « La nouvelle théorie institutionnelle de l’art », Tracés. Revue de Sciences humaines [En ligne], 17 | 2009, mis en ligne le 30 novembre 2011, consulté le 27 avril 2016. URL : http://traces.revues.org/4266 ; DOI :
10.4000/traces.4266
[2] cité par  Chalumeau J.-L. « Les théories de l’art », Vuibert

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