Cher journal... Ça fait longtemps...
Malheureusement je fais souvent des longues pauses involontaires et celle-ci est due au grand voyage de famille pour assister à l'inauguration de l'oeuvre de mon mari à Guayaquil (une ville sur la côte équatorienne). Et maintenant j'arrive avec une grosse fatigue et quelques expériences de voyage que je n'oublierais pas bientôt. Des bonnes et des mauvaises. Les mauvaises tout simplement vont me faire concentrer sur les expériences du voyage intérieur et les bonnes... les bonnes sont de l'ordre de l'aventure que peu de gens le vivent. Mes enfants, et moi aussi, revenue vers des émotions de film vécu, on a eu l'opportunité de traverser la ville en caravane motorisée, accompagnée de policiers avec sirènes et en passant tous les feux en rouge! Mais quelle émotion! Comme des présidents! Je sais que ça sonne un peu... extravagant, mais c'était une de ces expériences uniques, émotionnantes et très invraisemblable. Un Souvenir.
Mais, tout en mélangeant les pinceaux ici, dans ce journal, l'expérience du voyage m'a donné aussi d'autres idées. Je porte toujours une lecture avec moi et quand il s'agit de déplacements un peu compliqués, je choisis, depuis ma bibliographie base, un livre d'après sa taille (un petit). Cette fois c'était "L'expérience intérieure" de Georges Bataille. Livre que je veux lire depuis très longtemps mais que j'évitais: il est hérité - comme la plupart de ma bibliothèque - et les pages sont pleines d'annotations de ma mère. Mais quelle découverte! e titre me parlait depuis un moment, mais je ne l'avais pas pris... Il y a beaucoup question de l'indicible et les quelques pages lues m'affirment plus dans ma recherche pour la note d'investigation. Bataille range dans l'expérience intérieure "les états d'extase, de ravissement" et je lui ajouterais volontiers l'expérience créative qui a son côté mystique. "L'expression de l'expérience intérieure doit de quelque façon répondre à son mouvement, ne peut être une sèche traduction verbale, exécutable en ordre." (p. 18) et ça explique pas mal toutes mes doutes quant à mener à bien ma recherche. Le journal m'organise beaucoup, mais quand il s'agit de mettre le doigt exactement sur mon expérience créatrice-intérieure, oui, il s'agit d'une sèche traduction verbale qui est très pauvre. J'essaie de lire plus possible pour arriver à trouver plus de mots corrects, mais, non, je n'ai pas trop de talent pour manier la langue. C'est de la transmission du vécu et du senti qui pose de problèmes. Je suppose que je cite beaucoup, mais d'autres arrivent à mettre en mots mes pensées senties. "Il faut vivre l'expérience, elle n'est pas accessible aisément et même, considérée du dehors par l'intelligence, il y faudrait voir une somme d'opérations distinctes, les unes intellectuelles, d'autres esthétiques, d'autres enfin morales et tout le problème à reprendre. Ce n'est que du dedans, vécue jusqu'à la transe, qu'elle apparait unissant ce que la pensée discursive doit séparer." ... "L'expérience atteint pour finir la fusion de l'objet et du sujet, étant comme sujet non-savoir, comme objet l'inconnu" (p. 21) Dernièrement je suis dans les bras de cette expérience discursive et je vis la séparation entre créer et analyser cet acte. Je ne peux pas faire les deux en même temps. Il y a quelques jours j'ai fait une tentative d'interprétation de la réification en me sentant sujet et objet de ma recherche. Je ne suis pas sûre de comprendre cette dernière phrase de Bataille, mais, oui, dans ce cas, où je fais une recherche à partir de ma propre expérience (qui est presque de l'ordre du mystique) je dois essayer de me fusionner comme sujet-objet. Ou, peut-être non? Tant que je n'éclaire un peu plus mes idées je ne me vois pas travailler tranquillement à l'atelier. Je ne pourrais pas peindre en essayant de conscientiser et verbaliser l'acte. Soit l'un, soit l'autre. Et mon choix sera pragmatique: cette semaine sera dédiée au master (dates approchant) et après Noel... atelier! Là aussi je dois dépêcher puisque j'ai des expositions en mars et en avril et je n'ai rien fait, mais comme la semaine du nouvel an le commerce de pétards fleurit et je fais des expériences (genre laboratoire artistico-explosif) avec de la poudre à canon... c'est le moment parfait!
Le travail créatif serait comme le dit Bataille "Je demeure dans l'intolérable non-savoir, qui n'a d'autre issue que l'extase elle-même" (p. 25) mais moi je me trouve dans une sorte de clivage entre le non-savoir créatif et le désir de savoir qui me soutient ici... "La différence entre expérience intérieure et philosophie réside principalement en ce que, dans l'expérience, l'énoncé n'est rien, sinon un moyen et même, autant qu'un moyen, un obstacle; ce qui compte n'est plus l'énoncé du vent, c'est le vent." (p. 25). Je pense que se sont les deux qui comptent: le vent et son énoncé.
Entre autres, je viens de recevoir (enfin!!!) des livre commandés en septembre, je crois... Les journaux de Delacroix et Dali, propos de Bourgeois et Rodin; L'analyse institutionnelle de de Lourau (celle-ci arrive très tard pour ce semestre, quel dommage!) et "Le moment de la création" et "Produire son oeuvre" de Hess. Je voudrais bien confronter création selon Hess et les autres artistes.
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