Mystère résolu. Je sais pourquoi j'ai fait oh-yeah-super-génial! quand j'ai vu le thème de non travail comme moment formateur! Je souffre de bartlébysme intermittent!
Ce thème, le syndrome de bartléby, je l'ai pas mal traité dans l'Autre blog et, comme rappel, le "I would prefer not to" est le leitmotiv de celui qui veut être dans le temps de non-travail, le non-faire, le non-être finalement... Je ferais avec le plus grand plaisir un essai sur ce syndrome de Bartléby (je sais, j'abuse avec ce mot) mais je ne serais pas la première: Villa-Matas et Jouannais ont fait déjà leur apport et ce sur le non-faire dans la création. Ils vont même aux extremes de décrire pas seulement des artistes en pause, mais même des créateurs sans aucune oeuvre! Une sorte d'économie de production ou seulement de production des idées vendues aux autres. Ce n'est pas exactement le non-travail comme moment régénérateur, comme quelque chose qui nourrit ou recharge.
Alors comment rendre ce I would prefer not to que j'aime tant en moment formateur? Je suis maintenant plein dedans le livre de Francis Lesourd et je cherche du côté du geste psychique et des enveloppes temporelles. Référence: psychanalyse. Le problème de la psychanalyse (d'après ce que je sais): le temps, la temporalité c'est soit l'histoire du sujet (souvenirs, archaïsmes) ou c'est la technique (le temps de la cure, durée, session, scandales à la Lacan). Je n'ai pas encore trouvé quelque chose sur ces enveloppes temporelles. Je sais que je dois lire le moi-peau de Anzieu qui est enveloppe psychique. Plus loin je tombe sur le geste psychique, mais je ne sais pas s'il est intégrable dans ce thème. Restons dans les enveloppes je trouve ça sur http://www.spp.asso.fr/wp/?publication_cdl=le-concept-denveloppe-psychique-2
"... repoussant l'idée d'une conception statique de l'enveloppe psychique, Houzel en propose une conception dynamique. Il décrit "une enveloppe feuilletée" composée de 3 feuillets: a: le pellicule. Elle ne trouve sa stabilité que si la rencontre avec l’objet (« la réalisation » selon selon Bion) a lieu en temps voulu.b: la membrane. C’est sur elle que s’inscrivent les traces de la rencontre.c: l’habitat. Il est le résultat de ce qui précède, une enveloppe psychique constituée, avec la construction des limites du Soi et le sentiment d'identité."
Si je comprends bien, le temps ne peut pas être étranger une membrane feuilletée et dynamique, mais où se place-t-il? Lesourd commence avec la notion de "mythe personnel" pour arriver à ces fameuses enveloppes... "Que le mythe personnel, pris dans son ensemble, ait une forme, une consistance, qu'il délimite, m'a conduit, en référence aux travaux de D. Anzieu (...), à l'interroger comme une enveloppe psychique et, plus spécifiquement, une enveloppe temporelle qui contient, tisse et rassemble des "morceaux de vie", qui leur permet de tenir ensemble et de faire sens" (Lesourd, p. 55). Ces enveloppes sont de mémoire, ce sont des interfaces, prénarratives, collectives. Et j'arrive à ces fonctions: d'ajournement (inchoative???), de cohérence et d'interface. Cette dernière "Dégagée par Canovas, cette fonction permet au sujet de réguler les échanges et résonances entre les temporalités et les rythmes du monde intérieur et du monde extérieur. Cette fonction renvoie à ce qui, à chaque instant, distingue à la manière d'une interface mes temporalités intimes, par exemple le rythme ou la vitesse qui me conviennent, de temporalités qui me sont extérieures, telles que le rythme ou la vitesse qu'on voudrait m'imposer." (Lesourd, p. 67) Là, avec cette séparation du sociétal et de l'intime, je m'approche plus vers ce que m'intéresse. Et le mot clé c'est réguler. Réguler l'activité par l'alternance des moments de travail et de non-travail (travail au sens large). Trouver l'effet bénéfique et formateur de ces périodes de deuil du travail.
Thème? Clair. Idée? Plus ou moins. Approche. Là, c'est le problème: il me semble presque impossible de reste fidèle à la seule psychanalyse, d'une part. De l'autre, il me manque toujours des idées et des références pour le côté des sciences de l'éducation. Où est le "formateur"? Quand je mélange art, création avec formation et devenir il me semble que je tombe directement dans les bras de l'art-thérapie. Oui, le rien-faire comme moment nécessaire au bon devenir et bien-être... Je ne veux pas ça. C'est sur se former comme créateur. Ne pas créer pour se mieux former. Enfin, j'ai encore un très long chemin à parcourir...
Et pour finir avec l'expression d'un désir: je veux à Lesourd pour le mémoire! J'aime beaucoup son "L'homme en transition" et ce livre me donne beaucoup d'idées. Il n'est pas étranger à l'art, à la création, au geste psychique créateur et au chaos. Ce n'est pas pour aduler un professeur (peut-être il est une personne désagréable, je ne le connais pas), mais je sens que j'aurais un interlocuteur qui me comprendra et qui saura me guider.
Roger, Over and out.
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