Meditare

Enfin, j'ai lu tous les cours et je peux me concentrer sur celui-ci: le plus ardu. La philosophie. Première erreur: on ne traduit pas la terminologie. On ne prend pas le Paidéia grec et on le traduit en français ou en roumain. On l'analyse... Pareil en allemand, surtout parce que c'est une langue qui construit ses propres mot et les forme à partir d'autres... 
"Une éducation réussie serait celle qui permettrait l'ouverture indéfinie sur de nouveaux savoirs: une éducation où tout pourrait être su sans effort pour apprendre". Ainsi commence le cours. Un énoncé qui a toute l'allure de la vérité, mais qui mène aussi vers une impossibilité d'apprendre... Les sophistes prétendaient cela à cause du "sans effort"? La première partie de la phrase "l'ouverture indéfinie sur de nouveaux savoirs" semble une idée essentielle: l'éducation (je vais utiliser ce mot faute de mieux) est ouverture et accès, connaissance de ses limites (?). C'est le sans effort qui dérange: on dirait du gavage ou une question qui nous vient si naturellement, comme respirer. Apprendre, étudier, se former, méditer peut-être n'est pas dans la nature humaine; déjà la lecture seule est une des activités des plus complexes et de là à l'entendement... 
Mais, ce n'est pas cela, apparement on tombe dans un problème logique qui, selon moi (nulle en raisonnement) n'admet pas le tiers exclu:
1.- soit l'on sait, soit l'on ne sait pas
2.- si l'on sait, on n'a pas besoin d'apprendre
3- si l'on ne sait pas, on ne sait pas ce qu'il faut chercher à apprendre
4- donc on ne peut pas apprendre et la Science est une imposture
D'après moi, cette équation est un dilemme, un cul-de-sac qui ferme les voies vers l'éducation, au moins qu'on sache déjà ce qui est impossible ou miraculeux... Une sorte de philosophie qui admet l'inné, qui prétendrait qu'on nait (certains au moins) avec un bagage de connaissances... (rien à voir avec moi qui doit décortiquer et analyser sous microscope chaque phrase de ce cours. Essayer de comprendre et d'apprendre. Je ne sais pas, mais j'ai besoin d'apprendre (je le veux). En ne sachant pas, je ne sais pas ce qu'il faut chercher à apprendre, mais j'ai un guide (le cours) et plus j'avance, plus de questions apparaissent et j'ai plus de pistes sur où chercher les réponses. Et même si je ne réussis pas à apprendre, la science ne peut pas être une imposture. Ou.... on peut continuer jusqu'à l'infini...) Les réponses officielles: on refuse le problème ou on le rend "moteur de l'acte de l'éducation"!  Et Platon pose la réponse sous forme de direction où se pose le regard de de celui qui ne sait pas. Ca, déjà me fait revenir au problème  initial: si on ne sait pas, on ne sait pas, même pas où regarder... 
Et je sauterais ce que dit Heidegger ligne 518a, 2 et ses deux possibilités pour l'homme: surmonter ou rester - c'est trop compliqué. Mais c'est une interprétation du mythe de la caverne; mythe fondateur semble-t-il de la métamorphose humaine en un être supérieur... 
Mais, enfin, méditer, surtout méditer autour de choses qui sont déjà dites depuis des millénaires et qui ont été interprétées et réinterprétées... Que pourrais-je ajouter? Je ne prétend même pas comprendre. Le fameux mythe de la caverne peut être vu très simplement aussi. Bien sûr, depuis mon ignorance je prends "La philosophie pour les nuls" de Godin et le passage sur cette allégorie est simple: une illustration de la théorie des idées. Le réel qu'on vit et qu'on connaît n'est que ombre projetée; la vérité étant dehors et seulement pour ceux libérés par le savoir (ouverture symbolique des yeux). J'ai pensé tout de suite au film "Matrix". Même principe: les gens vivant dans une "réalité" virtuelle et il faut opérer un débranchage physique dans la réalité réelle. Quoique, dans le film, la vraie réalité est aussi fantastique, même plus fantastique que la virtuelle. L'Idée, elle est où? Dans le virtuel ou dans le réel? L'idée est immatérielle, donc virtuelle? Je pense savoir que Platon croyait à l'Idée, une sorte d'idéal suprême, au-dessus  des apparences trompeuses du monde sensible. Je suis loin de savoir, mais, 24 siècles plus tard et en tant qu'artiste le monde sensible et trompeur n'est pas nécessairement mauvais. Je sais que c'est le mot "sensible" qui m'induit en erreur et que la caverne est enfermement dans une illusion du vrai sans aucun désir de s'en sortir. Un peu comme "on (pense) qu'on sait, donc on n'a pas besoin d'apprendre". Restons dans notre confort mental et douillet de l'ignorance... 
Mais je reviens à l'idée. Dans l'allégorie des trois lits qui, selon moi, continue mon idée, on est toujours dans cette question du réel, du vrai et l'ouverture de l'homme vers cela. Je crée des apparences, des images, je fais partie de ceux qui Platon haïssait :; " l'art qui s'ingénie à imiter le plus fidèlement possible la réalité sensible, il est un mensonge d'autant plus dangereux qu'il est séduisant. Dans sa cité  idéale, Platon prévoit de remercier les poètes aux deux sens que ce verbe a en français: félicitations et renvoi" (Godin, p. 76). Oui, tout est mensonge et illusion, mais où passe le beau? La formation de soi et le désir de l'accès à la vérité ne peut pas passer par le sublime? Mais bon, Platon aussi parlait des artistes de son temps qui rivalisait dans la reproduction la plus parfaite de la réalité (un équivalent de la photographie de notre ère) et moi, je suis un peintre (presque) abstrait qui peint mes réalités internes de ma petite caverne mentale. Et je ne sais pas si la caverne est dehors et à l'intérieur de ma tête. Ou, c'est la grotte-mère qui contient une multitude de petites cavernes et des mondes des Idées. Le sujet ne sort jamais, il ne peut que vivre l'illusion de sortir vers des ombres faites de lumière. Peut-être le nirvana? 
Enfin, je vois que méditer, pour moi c'est poser des questions. En général je suis très sceptique et fabriquer des illusions me convient parfaitement: finalement, rien n'est réel et l'Idée avec son majuscule  me fait penser à une question de foi... Mais, je viens de prendre à monsieur Platon de la bibliothèque, il vaut mieux le lire à lui-même que sur lui.  






Commentaires

Articles les plus consultés